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VOYAGE A VIENNE. 385 façon d'être ; il n'aime point à diriger ses affaires; la règle et la discipline absolutistes sont bien son fait, et il ne s'en plaint point; mais dans la large réunion de la famille poli- tique autrichienne, famille désunie, se trouve le fier Hon- grois, qui n'accepte qu'avec de fortes réserves en faveur de ses vieilles franchises nationales. Il y a encore le Lombard, qui n'accepte pas du tout, celui-là , qui s'obstine à ne pas se fondre par tout ce qui fait résistance tacite, par le langage, par les mœurs, qui garde sa personnalité obstinée, qui pro- leste par son air de malcontent, par son attitude point agres- sive, mais point résignée. De son point de vue pourtant le gouvernement autrichien est sage, paternel, et même habile dans de certaines limites. Tout s'arrange pour le calme et le bien-être matériel dans ce bon pays habité par ce bon peuple, qui a de grands be- soins physiques et peu de besoins moraux. L'impôt y est, relativement du moins, très modéré. L'administration a souci du pauvre, et on ne voit pas un seul mendiant à Vienne, ni même dans plusieurs autres parties de l'empire. Les insti- tutions de charité abondent et sont convenablement dotées et régies. La peine de mort est rarement infligée en Autriche, et ne s'applique que dans le cas où il y a aveu du coupable. La justice prudente se tient en garde contre les séductions de la parole et les pièges de l'audience : on ne plaide que par écrit. Un esprit loyal, et, en général, bien intentionné, préside aux décisions administratives; mais la roideur, la méthode, la routine, et surtout les interminables lenteurs bureaucratiques, sont un grand obstacle à l'expédition des affaires conlentieuses. Les provinces excentriques—particuliè- rement la Lombardie — souffrent de ces lenteurs qui équiva- lent quelquefois à des dénis de justice. Une question soumise à l'autorité administrative est une affaire en souffrance, in- définiment ajournée, alors même que, de sa nature, elle crie