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354              LETTRES SUR LA SARDA1GNE.

espagnoles, moitié grecques, moitié bysantines, dont on trouve
de nombreux échantillons dans toutes les rues de Naples;
le chœur, large estrade de marbre blanc avec incrustation
de pierres polies de toutes couleurs, s'ouvre sur l'unique
nef de l'église, par un escalier flanqué de deux lions de jaspe-
sanguin. Les parois latérales sont ornées chacune de qua-
tre chapelles , n'ayant de remarquable qu'une abondance
de dorures, d'argentures, de rideaux et baldaquins, seul genre
de décoration que cultivent et admirent les races italiennes.
Si j'étais archéologue, il est assez probable que je vous par-
lerais avec admiration de deux tribunes en pierre supportées
par des piédestaux massifs, le tout, recouvert d'images sym-
boliques, telles que, taureaux ailés, humains à jambes four-
chues et autres figures du même genre, qui, pour n'avoir
pas la correction d'un bas-relief de Phidias, n'en feraient pas
moins pâmer d'aise ces aristarques pédants, qui n'ont d'ad-
miration pour les objets d'art qu'en raison de leur vétusté.
Après avoir visité l'église, mon aimable cicérone me fît en-
trer dans la sacristie. En Sardaigne, comme en Italie, les
sacristies, quelque pauvre que soit l'église dont elles dépen-
dent, possèdent toujours, caché sous un rideau ou derrière
la porte d'une armoire, quelque objet d'art d'un prix ines-
timable. La sacristie de Gagliari a son trésor : c'est un grand
tableau à compartiments, dû sans doute au pinceau de Ve-
lasquez et représentent différentes scènes de la vie de Jésus-
Christ. C'est, comme disent les rapins, magnifique de couleur
et de sentiment; et c'est tout ce que je vous en dirai, parce
qu'avant tout je veux être court pour être le moins ennuyeux
possible. Sous le chœur de la cathédrale est pratiqué un
petit escalier qui conduit à trois chapelles souterraines, plei-
nes de recueillement et de mystère; dans l'une, j'ai remar-
qué un autel superbe, dans l'autre, le tombeau de Marie
de Savoie, femme de Louis XVIII, et, dans la troisième ab-