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2iO                      LA RÉFORME POSTALE

 destination. Un voyage de malle-poste coûte un prix donné qui reste
  invariable, soit que Cïtte malle porte un million de lettres, soit qu'elle
  porte une seule lettre. Dans ce dernier cas, cité comme exemple
 extrême quoiqu'il soit invraisemblable, la lettre unique devrait être
 taxée à la parité de tout le coût du voyage, tandis que, dans l'autre
 cas, chaque lettre faisant partie du million de lettres simultanément
 transportées devrait payer seulement un millionième de ce même
 coût.
    Il est donc tout-à-fait déraisonnable d'établir la tarification du
 transport des lettres sur une progression proportionnée à la lon-
 gueur du parcours. Le tarif de 1827 a été basé sur ce faux prin-
 cipe ; il n'a pas même le mérite d'en avoir fait une exacte application.
    Pour mettre les taxes en corrélation proportionelle avec les distan-
 ces à parcourir, il aurait fallu que chaque taxe fut calculée de ma-
 nière à s'accroître en raison de l'acroîssement de la distance. Le
 tarif de 1827 est loin de présenter cette corrélation.
    La première taxe de ce tarif imposant à une lettre simple, trans-
portée à 40 kilomètres, un port de », 20 c , soit »,05 par myria-
mètre, les dix autres taxes de ce tarif devraient progresser de ma-
nière à ce que chacune d'elles représentât autant de fois »,05 qu'il
y a de myriamètres dans la distance à laquelle elle correspond.
Le tarif de 1827 ne suit pas cette progression rationnelle et juste,
ses taxes varient arbitrairement selon les distances. Tandis que
la lettre à 40 kilomètres est laxée à raison de »,05 par myriamètre,
celle à 300 kilomètres est laxée à raison de »,02, celle à 900 kilo-
mètres est taxée à raison de »,01 centime 1/4 par myriamètre.
    Sous quelque face qu'on les considère, ces disproportions sont
injustifiables. Si la taxe est appliquée à raison de la distance, sa
quotité doit être invariablement proportionnelle à la longueur du
parcours. Si la taxe doit produire l'effet d'un impôt indirect, elle
doit être calculée de manière à ce que, selon les prescriptions de la
charte, les charges de cet impôt soient égales pour tous. Si, enfin,
la taxe est la rémunération d'un service public, tout service public
devant être à un prix égal pour tous, la taxe imposée pour le port
d'une lettre doit être invariable quelle que soit la distance à laquelle
cette lettre doit parvenir.