Revue du Lyonnais » série 1 - n°25 ( 1847 ) » pp.230

230                       DE LA FOI.

mimique du christianisme! Tandis que, dans la première,
l'homme va aussi grossier au dehors qu'il l'est au dedans. La
grossièreté est l'esprit du pauvre; l'esprit fait la grossièreté
du riche.
   Les hommes qui sont peu ne peuvent s'abstenir de mon-
trer en tout de l'esprit. Le persiflage, la frivolité, l'indiffé-
rence arrêtée pour le beau, pour le vrai ne sont que les divers
déguisements de la médiocrité. Persifler! comme si les intel-
ligences qui comprennent les choses avaient eu le temps de
les admirer! Ah! bannissez ces sortes d'habitudes qui rendent
l'homme si commun. La bonne compagnie répudie ces êtres
frivoles dont parle Mme de Staël, qui font servir un peu d'es-
prit à tuer beaucoup d'âme. Ne demandez point pourquoi,
dans mainte occasion, les esprits légers sont si cruels !
    Le Monde n'a pas de foi à donner aux siens : il ne leur est
pas difficile de faire profession de scepticisme! Cependant les
hommes de l'intérêt mieux-entendu s'imposent l'obligation de
la foi, espérant tout ménager. D'autres sont persuadés que réel-
lement ils l'ont, bien qu'ils sachent tout leur cœur ici-bas. Il
reste une expérience à faire : celui qui trouve plus de plaisir
avec le Monde qu'avec Dieu, celui-là appartient au Monde ;
mais celui qui trouve plus de joie en Dieu qu'avec le Monde,
c'est celui-là qui est à Dieu. Où est votre trésor, là est votre
cœur.
    Vous sentez que tout ce qui tend seulement à faire trouver
fade la religion est décidément mortel à l'âme. C'est pourquoi
le Monde est si funeste aux jeunes esprits, et puis, par l'ha-
bitude, à toutes sortes d'autres. Insensiblement on voit les
hommes bien élevés y perdre la foi, et les femmes y perdre
le cœur. Remarquez combien on s'y plaint de la perte de la
jeunesse : il faut bien que Dieu la reprenne lorsqu'on s'en
sert !
  Quand les hommes se réuniront pour développer les grands