page suivante »
DE DA FOI. 193 ter l'esprit sur le moment. Pour soi, qui s'est jamais servi de preuves? Keppler, Newton, Descartes, Euler, Bossuet, Leib- nitz, ont-ils cherché pour eux des preuves ? La Foi, l'enthousiasme, le dévouement, la soif du beau et du divin, c'est la même chose. Dire à quelqu'un d'avoir la Foi, c'est lui dire d'avoir de l'âme. Indifférence, mépris du beau, sécheresse interne habitent également ensemble- Aussi voit-on les hommes s éloigner de la Foi à mesure qu'ils avancent dans la trace égoïste qu'ils ont faite à leur vie. Celui qui dit : faites-moi croire, dépose le môme aveu que s'il disait: faites-moi aimer. Les Sceptiques le sont d'abord par le cœur. Les esprits inconvictionnels font souvent parade de leur insensibilité comme d'une forte vertu; ils ne se doutent point qu'ils découvrent la pauvreté de leur âme ! Le scepti- cisme vient de l'épuisement de l'amour. Celui-ci admet tel dogme, mais il n'admettra pas tel autre. Il est clair qu'il y aura autant de sortes de Fois que de sortes de cœurs, chacun doit mettre la religion à son point. Celui-là seul qui cherche Dieu ne se voit pas ainsi arrêté à chaque merveille de l'amour. L'étendue de notre Foi est toujours dans la profonde bonté du cœur. On croit marcher avec la raison et lui être très fidèle quand on retranche a chaque pas un miracle du plan de celte créa- lion où le miraculeux seul vient expliquer les faits, où l'on ne saurait concevoir que l'inconcevable lui-môme! Premier de tous les mystères : J E VIS ! moi qui ne sais comment je vis, ni d'où m'est venue la vie. Tout l'être n'est qu'un miracle. Au dehors et au dedans de lui, qu'y reconnaissez-vous? La Foi nous donne pour total de tout laisser pour le bien : qu'avons- nous si grande peur (je nous tromper! Mais comment eût^on osé se dispenser de la Foi; il fallait un moyen honnête! On|a parlé d'examen. Il est d'un bon esprit de juger; seulement il faudrait appliquer celte faculté à ce qui 13