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                            VOYAGE A VIENNE.                                  131

démontra, avec celte claire raison qui se fait accepter, l'impos-
sibilité absolue d'une tentative heureuse en faveur d'un second
Napoléon. Le jeune homme se retira calmé, mais triste et poi-
trinaire: phthisis tentavit, comme dit l'épitaphe (1).
   Je n'avais plus, après cela, qu'à sortir du caveau mortuaire,


   (i) Ce fait, raconté d'abord par M. de Montbel, l'ancien ministre de
Charles X, répété, d'après cet écrivain, par Mistress Trollope, est tenu pour
certain à Vienne, où il m'a été attesté.
   Du reste, il est tout naturel de croire qu'à l'âge des élans et des illusions,
l'esprit du jeune Napoléon a été violemment surexcité, malgré toutes les
cauteleuses précautions de la politique. Il paraît certain, d'ailleurs, que si le
duc de Reichstadt différait physiquement, en quelques points, de l'organisa-
tion de son père, il s'en rapprochait beaucoup moralement : le glaive fran-
çais plongeait dans le fourreau autrichien. Enfin, il est probable qu'il n'ignorait
point les tentatives et démarches du parti qui se rattachait à son nom. Ces
démarches étaient trop directes et trop positives pour rester entièrement
inconnues. M. de Montbel fait à ce sujet une très curieuse révélation qu'il sera
bon de rappeler ici :
    « A peu près vers l'époque de mon arrivée à Vienne, y vint aussi un per-
sonnage dont le nom célèbre dans les fastes de la Révolution et de l'Empire est
mêlé à toutes les époques de l'histoire de nos convulsions politiques, et qui,
redoutable à tous les partis, fut souvent invoqué par eux à cause de l'habileté
qu'on reconnaissait à celui qui le portait alors. Cet homme venait chargé de
faire des propositions en faveur du duc de Reichstadt, mais sous le voile de
toute autre mission. Ses communications furent écoutées, mais avec un calme
froid qui déconcerta ses projets : il s'éloigna peu de temps après. De nom-
breuses tentatives se succédèrent dans le but de faire paraître le jeune duc,
 soit en France, soit en Italie ; quelques-unes des propositions furent déve-
loppées avec suite ; elles étaient soutenues d'exposés circonstanciés sur la
composition du parti, ses ressources, ses moyens d'exécution, etc
   Ces propositions motivées, cette constitution formelle furent présentées au
prince de Metternich pour lui prouver qu'on voulait faire du gouvernement et
non de la doctrine : il n'entra pas dans la discussion des moyens; il se
contenta de dire: « que demandez-vous et qu'attendez-vous de nous! »
  — « Que vous nous laissiez conduire le duc de Reichstadt à la frontière
de France : sa présence, le nom magique de Napoléon renverseront en un