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128 VOYAGE A VIENNE.
Mais, encore une fois, passons à travers tous ces souvenirs
et tous ces appartements, et allons voir le trésor de l'empe-
reur ; car l'empereur a un trésor, lui aussi, qui ne se trou-
verait pas, celui-là , dans la caisse du financier: il faut bien,
après tout, que la maison d'Habsbourg ait une supériorité
sur la maison Rotschild !
Oui, trésor, c'est bien dit, car là les diamants étincèlenl
sous toutes les formes et sous les plus formidables noms de
l'histoire. C'est la couronne de Charlemagne, celle de Maxi-
milien Ie1', de Charles Quint, de Marie-Thérèse, noms qui
font pâlir le diamant même ! Et, comme pour compléter
cette nomenclature, dans une armoire vitrée, se déploie, fier
et pourtant humilié, le manteau de velours et d'or que Napo-
léon porta comme roi d'Italie, dépouille opime pour l'Autri-
che ! Puis, au milieu de toutes ces richesses et de toutes ces
souverainetés, un trésor pieux, un morceau de la vraie
croix, un nom plus grand encore que tous ces noms, un
Napoléon, son mari. Elle vendit probablement cet objet, précieux à tant de ti-
tres, à cause des gros diamants qui l'entouraient. C'était le présent de fiancé que
l'empereur lui avait envoyé pour leur mariage ! Mistress Trolope, dont ces li-
gnes ne font que reproduire le récit, a vu cette miniature d'un travail exquis, en-
tre les mains d'un individu (un brocanteur sans doute), et elle ajoute que la
monture en argent, qui témoigne de la grosseur prodigieuse des diamants, est
vide, et que derrière le portrait est un morceau de ruban de la Légiou-d'Hon-
neur qui retient une petite boucle des cheveux noirs de Napoléon. Le brocan-
teur aura mieux compris que la femme le prix de ce souvenir!
Voici les paroles de Mistress Trollope : elles ne laissent de doute que sur
l'époque à la quelle Marie-Louise consentit à se départir de cet objet:
« Whctherit was Ihen, or at a later period of lier history, that she parted
with the invalued bauble, j kuow not ; but j hâve seen in the possession of an
individual at Vienna the exquisitely-hnislied miniature of Napoléon, vvhicli he
sent as tlie bridai présent for the ceremony of their espousals al Vienna.
The, silver setting of prodigionsly large diamouds slill remains round it ; and
at the back, apon a morsel of the red cordon of the Légion of honour, is a
small lock of bis raven hair. »