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86 ROME AD SIÈCLE D'AUGUSTE. faites aussi pour mettre à la portée d'une foule de lecteurs, sous une forme attrayante, toute la science que les in-folios avaient con- sacrée au peuple-roi. La plus éclatante de toutes fut sans contredit celle du baron de Théis ; mais le Voyage de Polyclète avait des li- mites un peu étroites ; peut-être l'époque de l'itinéraire n'était-elle pas choisie avec assez de goût et de prudence ; et quelque soit la valeur incontestable de cet écrit, le sujet même ne semble pas avoir été dominé par l'auteur avec une érudition assez variée. Barthélémy était toujours regardé comme le modèle du genre, et paraissait encore seul avoir pu trouver ce milieu si rare et si dé- licat, où se confondent la science et la beauté des formes les plus fa- milières, où l'on cesse d'avoir les apparences un peu farouches d'un Brisson ou d'un Du Cange, sans tomber dans les grâces ma- niérées ou enfantines d'un Fontenelle et d'un Florian. Hâtons-nous d'ajouter que M. Ch. Dezobry est décidément pour Barthélémy un rival plus sérieux que le baron de Théis, et qu'il paraît, à meilleur droit que tout autre, l'héritier direct et sans in- termédiaire de l'ingénieux helléniste. Ce sont les lettres d'un jeune Gaulois de Lutèce qui vont nous initier à tous les secrets de la vie des Romains. De bonne heure Camulogène a senti naître en lui le besoin d'observer de près les mœurs, les coutumes, les institutions du peuple qui dictait alors des lois à la terre entière. Il arrive à Rome l'an 731 de la fondation de cette ville. Il ne la quitte, pour rentrer dans sa patrie, qu'en 778, lorsque partout les délateurs portaient dans cette capitale, autre- fois si florissante, la désolation et la sombre tristesse dont Tacite a fait le cortège de Tibère. Ainsi donc, un séjour de quarante-sept ans permet à Camulo- gène d'assister à la grandeur de Rome, désormais sans crainte au dehors et sans discordes ; elle a soumis l'Univers, et un seul maître a recueilli l'héritage de la liberté romaine. Auguste a tout pacifié. Les arts sont parvenus à leur plus haut degré de splendeur, et la seconde civilisation (car celle des Grecs fut la première ; l'O- rient ne forme pas une ère véritable, si l'ou veut tenir compte de la liberté) a pu produire toutes les conséquences que renfermait son génie. Mœurs, littérature, lois et coutumes, tous ces principes