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26                   KXCURSION DANS LK MIDI.

     — Ici, me dit notre Marseillais, vivent les souvenirs d'un
grand citoyen, d'un antre Jacques CÅ“ur : avec sa devise :
              A cœur vaillant, rien d'impossible.
  Avançons, ajouta-t-il en riant, j'ai mes entrées en libre
pratique à la Préfecture, je suis électeur!... Allons-nous asseoir
un moment sous ces vertes charmilles, d'autant plus agréables
qu'elles sont plus rares chez nous. Là, je vous dirai plus au
long ce qu'était l'homme qui a fait bâlir ce somptueux hôtel.
Cet homme était un marchand comme Jacques Cœur et
comme Ango de Dieppe. Comme eux, c'était un enfant du
peuple, animé d'un ardent patriotisme, courageux, entrepre-
nant et fécond en ressources que donne le génie du commerce.
C'est assez dire qu'il n'aimait pas les Anglais, ces éternels
contempteurs de la prospérité et de l'indépendance natio-
nale. George Roux avait rêvé dans son cœur patriote ces
vers de Charles VI :

                       Jamais en France,
              Jamais l'Anglais ne régnera.
   Or, justement en ce temps-là, une flotte anglaise mena-
çait le port de Marseille. Une haute et noble ambition s'em-
para du riche marchand marseillais : il résolut de mesurer la
maison de commerce de George Roux avec la maison de
Hanovre, ayant pour chef un autre George, George II, roi
d'Angleterre. Un manifeste en forme de déclaration de guerre
suivit bientôt celle résolution. Le 20 juin 1756, George Roux
avait fait sa déclaration à l'amirauté marseillaise. Il lança
ensuite son manifeste avec ces mots en tète :

       GEORGE ROUX CONTÉE GEOKGE II, UOI D'ANGLETEUKE.
   Sans doule alors plus d'un honnête marseillais se prit à
rire au nez de George Roux et de son manifeste. On ne ferait
pas mieux aujourd'hui à Marseille et à Paris^ avec d'autant
plus déraison que, par le temps qui court, les hauts barons de
la finance ne ressemblent pas du tout à des Jacques Cœur.
Les Uoschild el compagnie n'ont pas pour habitude de faire