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 510                LE LIBRE-ÉCHANGE A LYON.

juste envers les hommes qui viennenl d'accomplir une question quasi
 sociale en Angleterre, n'aurait-il pas trouvé des raisons suffisantes pour
s'expliquer sous quelle influence la ligue anglaise avait été dissoute,
sans l'attribuer à la mauvaise foi de ses chefs? En effet, les Free-
traders avaient bien soulevé le peuple contre l'ensemble du système
protectionniste, en dénonçant la loi des céréales à l'indignation na-
tionale ; mais ils ont dû raisonnablement craindre, après l'abroga-
tion de ces lois, que la cause du libre-échange, tout en restant aussi
vraie et aussi juste, ne devint moins populaire. Il aurait été triste
et peut-être fatal pour eux, en face d'ennemis qui se reconnaissaient
vaincus, mais qui n'acceptaient pas leur défaite, d'être réduits à des
discussions de salon, après avoir livré en plein champ des batailles
oratoires, et de se voir obligés de compter leurs soldats un à un,
après avoir eu pour armée le peuple tout entier. En dissolvant la
ligue au milieu de son triomphe, ils lui ont laissé tout le prestige de
sa puissance.
    Il est un autre fait qui aurait pu mettre l'auteur à qui nous répon-
 dons, sur la voie de la vérité. En 1842, Robert Peel présentait un
premier projet d'abaissement de tarifs, et il disait qu'il n'avait pas
soumis plusieurs articles à une réduction immédiate de taxe, dans
l'intention dé se réserver les moyens d'obtenir plus promptement
des réductions dans les tarifs étrangers. En un mot, il pensait que la
réciprocité offerte aux autres nations serait plus propre à les déter-
miner que les principes de l'économie politique pure et la saine intel-
ligence de leurs intérêts. Qui sait? Il prévoyait peut-être déjà cette
objection faite au gouvernement français par les écrivains qui veu-
lent avant tout des concessions réciproques. Eh bien ! les chefs de
la ligue ont pensé comme Robert Peel, et c'a été un second motif
de laisser au ministère Whig, les moyens que le ministère Tory
avait demandés, pour venir à bout des répugnances des nations à
admettre la liberté commerciale.
    Au reste, nous comprendrions ce reproche de mauvaise foi, jeté à
la face des Free-traders, s'il sorlait de la bouche des libre-échangis-
tes français. Ils auraient le droit de dire : Vous avez trahi la cause
du libre-échange en quittant le champ de bataille avant la défaite
totale de notre ennemi, car il n'y a rien de fait tant qu'il reste quel-