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CHALON-SCK-SAÔNE. 415 pantelante, agitée, mobile, changeant chaque jour de phy- sionomie et de couleur, les bateaux à vapeur versant par torrents leurs cargaisons d'hommes et de denrées, l'incroyable mouvement de deux ports, le tumulte du commerce, les chants, le langage accentué et rude des mariniers, le bruit des voitures publiques se croisant en tout sens et faisant hurler les pavés, les allées et venues des étrangers, des porte-faix, le peuple des hôtelleries et des cafés, les entre- pôts, les maisons de commission, les industries vivant surtout avec les voyageurs qui affluent à Ghalon et sillonnent à toute heures ses rues, la population indigène tellement confondue avec la population nomade, qu'on la discernerait difficile- ment, sans une grande habitude de la localité. Le port Vil— liers est l'expression et le centre de ce Chalon, et l'église Si-Pierre est sa paroisse ; c'est au port Villiers que se résume toute l'activité du pays. Dans la ville intérieure cl concen- trique, aboutissant à la place St-Vincent, et dont l'antique cathédrale est le temple, la population sédentaire, toujours occupée, toujours marchande, mais calme et recueillie, tra- vaillant avec elle-même et pour elle-même, et s'inquiélant peu des voyageurs avec lesquels elle n'a rien à démêler ; un peuple qui se connaît et s'aime peut-être davantage. Les projets de construction du port et du quai sur la Saône, aux dépens de cette belle promenade du bastion de Saint-Jean de Maisel (1), qui faisait les délices de nos pères, remontent au milieu du dernier siècle et sont l'œuvre de Thomas Demorey. L'exécution des travaux marcha lente- ment, el malgré l'intelligente sollicitude des édiles, ils ne furent mis à peu près en l'état où nous les voyons mainte- nant que sous l'Empire, époque de la plus haute prospérité chalonnaise que seconda si bien le blocus continental. On re- (j) Ce nom vient d'une léproserie dont les malades étaient appelés mai- s ciiux ou mesaux.