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368 MONOGRAPHIE HISTORIQUE A tous égards, Arlhaud convenait merveilleusement au* vues du prélat: indépendamment de son mérite et de son zèle, il avait de vastes possessions dans les montagnes du Valromay, où il était facile de trouver une solitude comme en recherchaient les religieux de Saint Bruno. Suivant le désir de l'évêque, Arlhaud ayant reçu la mission de créer une Chartreuse, va, suivi de six disciples, dans le château de Solhonod, manoir de ses pères, où résidait une de ses sœurs. De là , parcourant le Colombier pour y chercher un lieu convenable, il trouve sur le croupe de cette monta- gne, un petit vallon reculé, nommé le cimetière, à cause de sa profonde tristesse. Il construit en ce lieu un oratoire et quelques cellules en bois de sapin. Bientôt sa réputation y attire un si grand nombre de religieux que les constructions étaient insuffisantes lorsqu'en 1141 elles devinrent la proie des flammes. Cet incendie jelta d'abord la colonie d'Arlliaud dans le plus grand dénùment ; mais Ardutius de Faucigny qui venait de succéder à Humbert de Grammonl sur le siège épiscopal de Genève, animé des mêmes sentiments pour les Chartreux du Valromay, accourt les visiter, leur apporte les premiers secours et promet pour la reconstruction de la Char- treuse les libéralités des princes et des seigneurs. D'après ses avis, Arlhaud, sans abandonner cette région du Colombier, fait choix d'un site plus accessible et d'une température moins rigoureuse, au dessous du cimetière, à une demi-heure de distance, à peu près. Il assied sa nouvelle Chartreuse sur un plateau ayant pour base un massif de rochers escarpés, taillés à pic, au pied desquels le torrent d'Arvières, qui donna son nom au monastère, roule ses eaux mugissantes. De celle position élevée, on voit le verdoyant bassin de la vallée romaine, semé de villages, les forêts noires et les découpures des hautes montagnes opposées ; de là aussi il est facile, par un chemin pra- tiqué sur les lianes du Colombier, de descendre dans la vallée.