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AM'MAM-MESCOUTINE. 347 Les vieillards, accroupis sur leurs nates, racontent Que, pour mieux attirer les passants, Il exhale le soir une vague harmonie, Pareille au frôlement des aîles d'un génie. Mais, pendant mon récit, jetez quelques boudjous ; Bien vieux est le conteur, bien vieux est son bournous. Voici le cheick, suivi d'un marabout parjure, Le caïd qui jamais ne sut mettre d'accord, L'aga pressant en vain les flancs de sa monture, Puis le tébib aimé des djinouns de la mort. Voici la mariée ; enfin en longues files Marchent guerriers, enfants, femmes et jeunes filles. Mais, pendant mon récit, jetez quelques boudjous ; Bien vieux est le conteur, bien vieux est son bournous. Quand, après le soleil, la tranquille nature Dort et se désaltère aux brunies de la nuit, On entend dans les airs un étrange murmure Qui tour à tour s'efface et renait et s'enfuit ; Chaque pierre se lève, et, pour la ronde immense, Prend sa place et bondit.... la fête recommence! Mais, pendant mon récit, jetez quelques boudjous ; Bien vieux est le conteur, bien vieux est son bournous. Fuyez, fuyez alors !... la musique perfide Pourrait vous attirer au bord du bain maudit. Une fois entraîné par la danse rapide, On ne s'arrête plus.... Allah! c'était écrit! Et lorsque dans le val le jour dissipe l'ombre, Des immobiles rocs on augmente le nombre. Merci, croyants, mes mains sont pleines de boudjous, Et je m'abriterai sous un nouveau bournous. .1