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ABBOTSFORD. 321 la patrie se charge, comme ailleurs, de la reconnaissance due aux grands hommes; mais, plus qu'ailleurs, les particuliers ont individuellement toutes sortes de respects pieux pour leur mémoire. Avant de sortir du château je parcourus une fois encore ces beaux appartemens inhabités et tenus pourtant avec ordre et une propreté reluisante. J'y découvris encore quelques cu- riosités de détail auxquelles les romans et les poèmes de Walter Scott ont donné un prix de souvenir. Parmi ces objets est la gothique et formidable serrure de la prison d'Edimbourg, et un fusil qui a appartenu, dit-on, a Rob Roy, ce qu'on doit croire si Abboslford. comme disent quelquefois les vieux Ecossais, le tenait pour tel. Je me rappelai en ce moment que Walter Scott avait un chien favori, fameux par sa beauté et son attachement à son maître, et je demandai ce qu'il était devenu. On me répondit que Maida était mort de vieillesse depuis fort long- temps, et qu'il était enterré à son poste, près du seuil de la porte, comme il convenait à un honnête chien de garde. Pauvre Maida, si regrettable, en vérité, un superbe spécimen de race écossaise croisée nvec la race des Pyrénées, si intelli- gent, si dévoué, si fidèle! A part une aversion un peu trop prononcée pour les artistes, c'était un chien parfait. Mais les artistes en avaient un peu abusé. Sa taille, sa beauté, et plus que tout cela sans doute, le privilège qu'il avait d'ac- compagner partout l'illustre maître et d'être particulière- ment attaché à sa personne, l'avait exposé souvent a être dessiné ou portrait, ce qui l'avait obligé à une immobilité contrainte forl peu de son goût : la célébrité entraîne toujours un peu de gêne et de représentation. La chose alla au point qu'il était devenu (pardon du mol) technîtophobe; cl lors- qu'il se voyait menacé du crayon ou du pinceau, il entrait en fureur et fuyait dans les bois. — Il est si difficile de 21 •