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316 ABBOTSFORI). le bouclier; et j'avais tout près de moi le maréchal Douglas, qui ferrait un cheval de labour ! Mais, au milieu de tout cela, j'avais a admirer une im- posante ruine, fameuse et pleine du passé. David I er , qui fonda l'abbaye d'Holy Rood, fut encore, en 1136, le magnifique fondateur de l'abbaye de Melrose. Rien de plus beau, rien de plus instructif que les grandes ruines historiques de ce monastère, sur lequel passèrent les ardentes guerres religieuses de l'Ecosse. Dans ses jours mauvais, il en- dura toutes sortes de pillages, de dégradations, d'incendies et de restaurations à travers divers règnes. Que n'eul-il pas à souffrir dans ces temps où les religions ennemies élevaient autel contre autel comme deux machines de guerre, et se li- vraient des controverses à feu et à sang ! II fut brûlé par le duc d'Hertfort, pendant l'enfance de Marie Stuart. Il fui condamné à la dernière destruction par l'Église écossaise, et, à ce sujet, le farouche Knox s'écria, dans une harangue fu- ribonde, « que le plus sûr moyen d'éloigner les corbeaux (rooks) était de détruire leurs nids. «Enfin, Cromwell, autre destructeur, y a mis la main et a bombardé, des hauteurs de Gallonside, la maison de prière comme une citadelle de guerre. Aujourd'hui ce n'est plus qu'une immense ruine qui porte tristement le doux nom de Melrose. Ces murailles ont trop souffert. L'œuvre de destruction se continue maintenant à petit bruit, sans le secours du Réformateur et du Prolec- leur : le canon de Cromwell a ouvert la brèche au temps. Je contemplais ces voûtes évenlrées qui paraissaient aussi hautes que la voûte du ciel d'Ecosse. Il semblait qu'en pas- sant , les nuages bas allaient se déchirer à ces décombres aériens. J'errais dans celle vaste solitude de pierre. Je consi- dérais, tantôt une haute croisée gothique, tantôt une ample rosace pleine-épanonie, puis des guirlandes finement sculp- tées, des niches vides, des statues de saints mutilées, des