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88 BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. frappé des imputations contradicloires dont on accable les papes. Si, au moyeu-âge, ils se font les dictateurs de l'Europe, et s'ef- forcent de protéger l'Italie contre l'invasion du Germain, on les accuse d'aspirer à la domination universelle, on leur fait un crime irrémissible de la déposition de quelques princes, qui se permet- taient aussi de déposer les papes ; et si, de nos jours, les succes- seurs de Grégoire VII n'ont plus le courage de parler aux sou- verains comme faisait cet immortel pontife, on flétrit la papauté comme se faisant la complice des tyrans et de tous les oppresseurs des nations. Le rôle du Saint-Siège n'est-il pas bien difficile, en face de ces exigences et de ce blâme constant ? Je ne veux opposer que ces simples réflexions aux vers accusa leurs de Mme Colet, égarée, sans doute, par la générosité de son cœur. Il y a, dans le pape, deux souverains: le souverain spirituel et le souverain temporel. A ce dernier tilre, il ne pouvait pas ne point recevoir l'empereur de Russie ; en tant que prince spirituel, Gré- goire XVI ne tenait-il pas un langage assez noble, quand il disait à Nicolas qu'il irait bientôt, lui vieillard de 80 ans, paraître devant Dieu, et que l'empereur de Russie l'y rejoindrait un jour; qu'alors ce grand juge tiendrait la balance entre le vieillard désarmé du Vatican, et le potentat redoutable de Pélersbourg ? Ces réserves une fois faites en faveur d'O'Connel et de la Pa- pauté, je n'en dois pas moins rendre justice à la verve éminenle d'une de nos premières femmes-poètes. Au milieu des pièces poli- tiques, Mme Colet a semé quelques gracieux morceaux, aussi bien écrits que délicatement pensés, et je distinguerai dans ce nombre les vers à Mme Aimé-Martin, fort digne d'une telle louange, ceux encore qui sont adressés à la duchesse d'Orléans, à celle viduilé recueillie de la jeune princesse. Je mentionnerai, dans un autre genre, la pièce ayant pour litre : Infidélité, et cet épilogue d'un volume de récils destinés à l'enfance. Mme Colet parle ainsi à sa blonde et charmante pelite enfant: (les récifs dédiés à vous deux, ô nia fille, \ e sont plus que pour toi, mon sou! bien aujourd'hui. l'on frère n'est plus là ; de mes bras il a fui ; Jl est auprès de Dieu Pange^de sa'famille.