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542 — Encore un remarquable ouvrage qui échappe aux presses de la province, encore un de ses enfants qui va, contre son gré, chercher le soleil de la capitale pour faire rayonner au loin et son œuvre et son nom. M. Victor de la Prade, notre collaborateur et notre ami, vient de trouver, à Paris, chose difficile et rare aujourd'hui! un éditeur pour un poème philosophique, intitulé : Psyché. M. Jules Labitle le publiera en un volume pareil à ceux de la collection Charpentier. Nous en donnerons un fragment dans notre prochain numé- r o . Cette production doit classer notre concitoyen au pre mier rang des poètes el des penseurs. Nous regrettons seulement pour notre ville qu'un pareil livre n'ait pas pu voir le jour à Lyon. Mais, hélas! c'est une nécessité pour le succès d'aller chercher la publicité de la capitale. Celle concentration de toutes choses sur un point, celle centralisation qui a été pour la France une cause de grandeur, pourrait bien devenir plus lard une cause de ruine pour les arts el les lettres. En attendant, il faut la subir, et user de J'aris comme d'un vaste bazar où chacun doit apporler sa marchandise, s'il veut qu'elle se répande par le monde. Seulement, si c'est le lieu où l'on doil vendre, ce n'est pas celui où l'on doit fabriquer. La littérature faite à Paris, pour nous servir d'une comparaison un peu triviale, est aussi sincère que le vin qui s'y manipule. Laissons mûrir nos œuvres sur les coteaux de la Bourgogne, ou de la Provence,ou du Lyonnais,et n'allons à Paris que, comme les maraîchers et les laitières, pour y vendre nos denrées. Ce n'est que là que l'on peut crier un encan de manière à être entendu de tous les points de l'Europe. Indépendamment des poèmes et des fragments dont M. de la Prade a enrichis cette Revue, nous lui connaissons d'au- tres ouvrages qui, sans doute, verront plus lard le jour, tels que le poème d'Eleusis que la Pievue des deux mondes doit bientôt nous apporler. Le légitime succès que quel- ques-uns ont obtenu déjà sera certainement sanctionné par celui qui leur est réservé sur une plus vaste scène. — Un avoué, M. Pinet, de Ternay, a laissé en mourant un testament dont les clauses bizarres ont causé une assez grande surprise ailleurs que dans sa famille pour que nous en parlions ici. M. Laity, jeune officier condamné à plusieurs années de prison pour la publication des Idées napoléonien- nes a été institué héritier universel des revenus annuels de toute la fortune de M. Pinet. Ils s'élèvent, dit-on, à 20,000 fr. Ce qu'il y a de surprenant, c'est que M. Laily était person- nellement inconnu du testateur, el qu'à la mort de M. Laily le capital doit être partagé entre tous les membres collatéraux