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 la fille du malheureux qui vient de recevoir le châtiment de
 ses méfaits.
    L'auteur décrit de main de maître cette scène déchirante.
 Il dépeint en homme qui connaît à fond le cœur humain la
 rapide mobilité avec laquelle le peuple passe, de la grossière
 sensation excitée par l'horrible spectacle d'un supplice, aux
 sentiments d'une douce compassion et d'un délicat empresse-
 ment pour la malheureuse jeune femme. Adeline est enfin
 rappelée à la vie, sa première pensée est pour son mari, elle
veut le rejoindre. Edouard a expié ses fautes par le châtimenè
 qu'il vient de subir, ils peuvent désormais se réunir et oublier
leurs malheurs. Mais ses sens ne peuvent supporter le sou-
venir delà terrible scène dont elle a été témoin. Ses forces
physiques et morales l'abandonnent. Heureusement, elle est
 secourue par un vieillard qui s'était trouvé avec elle dans la
voiture publique de "Ville-Neuve-Saint-Georges à Paris, et qui,
pendant le trajet, avait été touché d'un généreux intérêt
pour les manières distinguées et pour l'air modeste de cette
jeune femme.
    Le noble caractère de cet homme respectable est admira-
blement tracé. M. Gerval, tel est son nom, emmène chez lui
Adeline et sa fille. Le délire de cette femme infortunée con-
tinue; il dégénère bientôt en une complète aliénation men-
tale.
   Aussitôt qu'ils ont appris la fuite d'Adeline, Jacques et son
ami Sans-Souci sont partis pour Paris. Là, sur le boulevart,
ils rencontrent la chaîne des condamnés partant pour Toulon-
Jacques s'arrête machinalement à regarder ces misérables ;
il reconnaît son frère au milieu d'eux. A cette funeste vue.,
d'un geste aussi rapide que sa pensée, il saisit la croix d'hon-
neur qui brille sur son habit, l'arrache, et la cache dans son
sein. Pas un mot n'est dit en ce moment sur les sentiments qui
agitent le fier soldat; Paul de Kock est trop habile pour par-
ler mal à propos. Le geste de Jacques dit tout.
  Edouard, qui, au milieu des douleurs de son supplice, a