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458 reur Probus planta les premiers vignobles qui aient été cultivés dans notre Gaule. Il en est de ce récit comme de beaucoup d'autres : c'est l'extension exagérée d'un fait historique bien certain, et il me pa- raît important de le réduire ici à ce qu'il a de vrai. Voici ce que rapportent à ce sujet les écrivains anciens qui ont traité de cette époque, un moment si brillante, de l'histoire des empereurs. On sait assez que les Romains, bien plus sages que nous à cet égard, ne laissaient point leurs soldats croupir dans une funeste oi- siveté durant les années de paix, et que c'est aux travaux utiles dont ils avaient coutume d'occuper les légions que nous devons ces rou- tes, ces aqueducs, et tant d'autres ouvrages importants, dont les restes, conservés encore après tant de siècles, nous frappent d'admi- ration parleur grandeur et leur solidité, si supérieures à celles de nos œuvres modernes. Telle fut, en particulier, la manière d'agir de Probus, l'un des grands empereurs qui portèrent la couronne des maîtres du monde : nous voyons que, pour utiliser les loisirs des troupes qui stationnaient en diverses provinces de l'empire, il les employa notamment à planter de vignes les coteaux de la Mésie, de la Pannonie et des Gaules (1). Un passage d'Aurelius Victor re- latif à ce fait spécial mérite d'être cité : Post quem (Florianum), dit-il, Probum in Illyrico factum accepere, ingenti belli scientia, eocercitandisque varie rnilitibus, ac duranda juventute,prope Han- nibalem alterum. Namque, ut Me oleis Africœ pleraque per le- giones, quorum otium reipublicœ atque ductoribus suspectum re- batur,eodemmodo hic Galliam, Pannoniamque etMœsorum colles vinetis replevit, etc (1). Ailleurs nous trouvons indiqués divers co- teaux de la Mésie supérieure, où de telles plantations furent ainsi exécutées par ordre de ce prince : Opère militari Almam montem apud Sirmium,et Aureum apud Mœsiam superiorem, vineis con- sevd (3). Eutrope, rapportant les mêmes faits, se sert littéralement (1) Aurélien, prédécesseur de Frobus, mais dans des -nies fort différentes, avait déjà favorisé la culture des vignes dans l'Elrurie, où elle était connue depuis longtemps : c'est Vopiscus qui nous l'apprend dans la vie de ce prince (48). (2J Cœsar, XXXVII. (3) Epit. XXXVII.