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407 Or, on pensait que la propre maison de Dieu préserverait Clapé de cette perplexité sans fin. Hélas! il n'en fut rien. Sans doute il était écrit que Clapé serait atteint dans son repos là comme ailleurs, et par la nouvelle comme par l'ancienne génération. Entre autres persécutions, tantôt Clapé était trouvé noyé dans le bénitier; souvent il étouffait sous la masse des chaises et des bancs entassés sur sa tête. Il n'y a que la force de sa constitution qui ait pu le faire survivre à tant de dommages. Que de fois ne l'a-t-on pas exposé aux rebuffades des jeunes vicaires ! On les appelait pour confesser; qui trouvaient-ils au tribunal de la pénitence ? Qui ? Clapé. Qui frappe â la porte de la cure? encore Clapé. Un malade demandait l'extrême onction, ce malade, c'était Clapé. On riait dans l'église, le curé se fâchait : la cause de cette irrévérence? Clapé. Quoiqu'à poste fixe Clapé voyageait encore ; ce fut pour le constituer sédentaire que la fabrique prit le parti de l'at- tacher, et pour qu'un geôlier ne fût pas enchaîné, ce qui eût été un contre sens, on avait dissimulé les liens, en plaçant les chaînes au siège même de Clapé, c'est assez dire par où Clapé tenait à ses fonctions. Rien n'y fit. La désolation et l'abomination commençaient donc à n'avoir plus de borne partout où se trouvait Clapé, et Clapé, comme tant d'autres, fut immolé au repos public. Déjà deux semaines saintes ont passé sans qu'on sache ce qu'est devenu Clapé. On l'aurait déjà fait crier si Clapé n'était pas lui encore un homme usé. Cependant Clapé laisse un vide dans le pays, on se le de- mande, c'est une vieille connaissance, un ami d'enfance, de jeunesse qu'on a perdu. Le peuple, qui ne rompt pas de suite avec le passé, le voudrait encore.