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    Or, on pensait que la propre maison de Dieu préserverait
  Clapé de cette perplexité sans fin.
     Hélas! il n'en fut rien. Sans doute il était écrit que Clapé
  serait atteint dans son repos là comme ailleurs, et par la
  nouvelle comme par l'ancienne génération.
     Entre autres persécutions, tantôt Clapé était trouvé noyé
 dans le bénitier; souvent il étouffait sous la masse des chaises
 et des bancs entassés sur sa tête. Il n'y a que la force de sa
 constitution qui ait pu le faire survivre à tant de dommages.
    Que de fois ne l'a-t-on pas exposé aux rebuffades des jeunes
 vicaires ! On les appelait pour confesser; qui trouvaient-ils
 au tribunal de la pénitence ? Qui ? Clapé.
    Qui frappe â la porte de la cure? encore Clapé.
    Un malade demandait l'extrême onction, ce malade, c'était
 Clapé.
    On riait dans l'église, le curé se fâchait : la cause de cette
 irrévérence? Clapé.
    Quoiqu'à poste fixe Clapé voyageait encore ; ce fut pour
le constituer sédentaire que la fabrique prit le parti de l'at-
tacher, et pour qu'un geôlier ne fût pas enchaîné, ce qui
eût été un contre sens, on avait dissimulé les liens, en plaçant
les chaînes au siège même de Clapé, c'est assez dire par où
Clapé tenait à ses fonctions.
    Rien n'y fit. La désolation et l'abomination commençaient
donc à n'avoir plus de borne partout où se trouvait Clapé, et
Clapé, comme tant d'autres, fut immolé au repos public.
    Déjà deux semaines saintes ont passé sans qu'on sache ce
qu'est devenu Clapé. On l'aurait déjà fait crier si Clapé n'était
pas lui encore un homme usé.
    Cependant Clapé laisse un vide dans le pays, on se le de-
mande, c'est une vieille connaissance, un ami d'enfance, de
jeunesse qu'on a perdu. Le peuple, qui ne rompt pas de suite
avec le passé, le voudrait encore.