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!a sortie de leurs réunions de corps, toujours à cause de ses
fonctions.Clapé était l'Hudson-Low des confréries.Cependant,
en présence du Christ mort, on lui pardonnait son péché pour
que d'autres péchés fussent aussi pardonnes. On faisait sa
paix ensuite avec Clapé en déposant dans sa sébille quelques
pièces de monnaie que Clapé avait par ma foi bien gagnées.
Clapé était sans rancune; avec lui, c'était toujours au revoir l
Tu dors, Clapé /.... — Soyons amis, Clapé ! — Nos dramatur-
ges parodiaient Cinna, Brutus, et Clapé souffrait tout.
   Le malheur était pour Clapé que sa souffrance, sa passion
 ne se passait pas tout entière dans sa chapelle. On le faisait
 pâtir ailleurs, enfin voyager. Tantôt on le traînaitsur la mon-
tagne, tantôt on le roulait dans la plaine. On se servait même
de lui pour des surprises même peu décentes : Clapé devenait
poisson d'avril.
   Un jour d'automne la vigne était belle ; le raisin mûr tom-
bait de la grappe, tant le cep était chargé. La jubilation
régnait à la vigne du seigneur marquis de la Vieuville de
Saint-Chamond. De jeunesfillesréunies en attendant la danse
de la veillée, et impatientes jusque là, se concertèrent pour
bien remplir la journée. Le nom de Glapé vole de bouche en
bouche, et, sûr de plaire aux jeunes filles, le plus galant des
vendangeurs se détache et va droit à Clepé : il se charge
Clapé comme on se charge une benne de vendange, il arrive
avec ce précieux fardeau, que personne d'abord ne reconnut,
car Clapé est difforme, comme Silène ; mais à peine le ven-
dangeur a-t-il mis Clapé sur son séant, qu'à ce cri : C'est lui !
c'est bien lui ! tous les travaux sont suspendus. On fête le
nouveau venu, on le barbouille de grappes oubliées, on le
raille. Le terrain est en pente, on ne tient pas compte de son
infirmité : il roule, personne ne le relève. Pauvre Clapé !
   Cependant une bonne vieille femme qui ne pouvait se faire
à l'idée de tant d'avanies, à ce que rapportent les légendaires,