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394 comme le cèdre et le palmier, portant pour fruits la prière et la pensée. Mais bientôt persécutés dans leur isolement par la fureur des païens, ils sentirent la nécessité de se rapprocher, el pour se défendre les uns les autres ils prirent une retraite commune, s'y donnèrent une règle de vie, et voilà quelle fut l'origine des communautés religieuses. Au VIe siècle, saint Benoît choisit pour la sienne le Mont- Cassin; ce fut la première et la plus remarquable de toutes; et bientôt, après lui, chaque contrée des Gaules, de l'Alle- magne et de l'Angleterre fut dotée d'une communauté, pieux asile où le pauvre sans héritage et le roi dépouillé trouvèrent un égal appui contre les tyrannies de l'orgueil. La plupart des monastères devinrent aussi des remparts contre les ravages des barbares, et de loin en loin contre le brigandage de ces premiers barons qui ne descendaient jamais en pays plat, de leur nid de'vaulour, que pour décimer leurs vassaux. Qu'on ne s'étonne donc plus de cette règle qui voulait que tous les monastères fussent non seulement sains et commo- des, mais encore fortifiés [sana, commoda et fortia ) . Le Mont-Cassin était, comme point fortifié, le vrai couvent modèle. Il dut à cet état de perfection le singulier honneur de servir de redoute en l'année 1820. Les constitutionnelsdu royaume de Naples s'y établirent pour lier leurs opérations avec les provinces soulevées du nord de l'Italie. Tant que dura cette levée de boucliers, les Religieux ne furent le moins du monde troublés dans leurs exercices de piété, et le monastère du Mont-Cassin offrit le spectacle d'une place de guerre agitée et d'un couvent paisible- C'était là un premier hom- mage rendu à cette liberté pour laquelle on se battait en Italie. Malheureusement, au VIIIe siècle, lorsque les Sarrasins vinrent désoler nos contrées, tous les asiles de piété n'étaient