page suivante »
392 « Quoi, Majorianus, avec le fer je te percerais les entrailles! Ou verrait plutôt le soleil brûler pendant la nuit, la lune pendani le jour, la grande et la petite ourse laver ( renouveler) leurs charriots dans la mer « Ce serait, en effet, pour nos pays, pour les Gaules, un désordre non moins grand dans les cieux, si les deux ourses descendaient derrière l'horizon comme les autres constellations, que si le soleil brillait la nuit. Vous connaissez mieux que moi ce fait astronomique. « Il y a deux remarques à faire sur ce passage de saint Sidoine : 1° Cette locution : renouveler leurs chariots, pour dire, descendre sous l'horizon, est peut-être bien étrange. M me Deshoulières n'a-l-elle pas dit du soleil qu'il allait Rallumer dans l'onde Ses feux amortis ? « Allumer le feu dans l'eau n'est pas moins singulier que le sens que je trouve dans votre auteur. « On demandera aussi ce que veut dire à l'accusatif le mot plaustra, puisque le verbe est passif. Cette façon de parler me semble très fréquente chez les Latins; ils sous-entendent alors secundum, ou tout autre mot. Je trouve, d'ail- leurs, dans la Grammaire latine de Port-Royal, page 461, une assez longue liste de verbes passifs pris activement. Ne serait-ce pas d'une liberté pareille qu'aurait usé saint Sidoine? Si je pouvais consulter Vossius et Nonius auxquels Port-Royal renvoie, peut-être trouverais-je novatur pris aussi activement. Je crains, monsieur, que ma traduction de ces deux passages n'ait le malheur de venir trop tard, et que depuis longtemps ces difficultés ne se soient éclaircies pour vous ; ce serait du moins une preuve de l'intérêt que l'on porte à vos travaux. « Je suis, etc. GORISI. « La Trancliére, le 24 octobre 1840. » M. Germain, qui a mentionné, chemin faisant, quelques travaux sur Sidoine, aurait pu ajouter avec toute justice les remarquables articles de M. Philarète Chasles, dans les Dé- bals, 25 Mai, 24 Août et 10 Septembre 1830. F.-Z. COIXOMBET.