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254 que lorsque tous les intérêts matériels seront d'accord, la discorde, l'antagonisme, la guerre seront bannis de ce monde. Ce n'est pas seulement dans la lutte des intérêts, c'est aussi dans la lutte des idées et des croyances que la discorde entre les hommes prend sa source. Qu'on ouvre l'histoire, on y verra que les hommes se sont aussi souvent fait la guerre pour des idées et des croyances que pour des intérêts. L'unité du genre humain sera sans doute préparée par l'accord des intérêts matériels, mais elle ne pourra s'accomplir qu'au sein d'idées et de croyances communes. J'ai quelquefois en- tendu faire au fouriérisme le reproche de n'avoir ni mé- taphysique, ni morale. Ce reproche pourrait être mérité si les disciples de Fourier avaient, en effet, la prétention d'avoir une métaphysique et une morale. Mais du moment que, comme M. Victor Considérant, ils rejettent la pensée de toute réforme morale et religieuse, et ne manifestent d'autre prétention que celle de régler le monde industriel, je ne vois pas comment on pourrait justement les blâmer de n'avoir pas quelque chose de plus à nous donner. Blâmer les hommes qui ont résolu le problême de l'or- ganisation de l'industrie de n'avoir pas résolu en même temps tous les autres problêmes sociaux, c'est faire preuve d'une singulière ingratitude. Fourier et ses disciples ont résolu le problême de l'association des intérêts', d'autres sans doute viendront plus tard, qui résoudront les autres problêmes sociaux. Dans les bornes où M. Yictor Considérant a eu la sagesse de la circonscrire, la part de la doctrine de Fourier est encore assez grande et assez belle, el l'hu- manité aura sans doute quelque reconnaissance pour la mémoire de ceux qui, comme Fourier et son disciple, ont consacré tous leurs travaux, toutes leurs pensées à améliorer les conditions de son existence en ce monde. FRANCISQUE BOOILLIER.