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240 devant un mot qui me semblait faire de trop ambitieuses pro- messes, me voici engagé, sans m'en apercevoir, dans une très audacieuse comparaison. Yoyez ce que c'est que d é p a r i e r poésie ! Mais daignez oublier cette imprudente image. En voici une autre qui rendra mieux ma pensée. C'est le corrigé de la première, il s'agit encore d'un entr'acte. Il vous est arrivé souvent d'assister à la représentation des œuvres de nos grands poètes, et après que l'artiste avait ému vos cœurs par ses accents passionnés, la toile se baissait pour quelques instants. Alors, en attendant que le lever du rideau vous révélât de nouvelles merveilles , vous prêtiez volontiers l'oreille, pour passer le temps , à l'innocente causerie d'un voisin , pourvu qu'il eut un peu de bon sens. Yoilà , MM., ce qu'il faut faire encore aujourd'hui, vous avez entendu pendant dix-huit mois dans cette chaire un drame admirable, un dithy- rambe plein d'éloquence et de chaleur. Depuis six mois vous en êtes privés; vous en serez encore privés pendant six mois ; l'en- tr'acte est un peu long. Que voulez-vous, MM., ainsi l'ordonne le poète. En attendant vous aurez^ si vous le voulez bien, un pauvre voisin qui fera tout son possible pour avoir du bon sens : je ne réponds pas qu'il y réussira toujours. Mais quand il aura beaucoup de médiocrité, vous aurez encore plus d'in- dulgence; et tant bien que mal, avec un peu de patience d'un côté, beaucoup d'efforts de l'autre , nous arriverons au terme désiré. Je dois, dès à présent, vous demander grâce pour le style simple et familier que, par goût et parbesoinj j'apporterai dans celle chaire. Consacré depuis long-temps aux fonctions d'un plus modeste professorat qui, déjà , A jeté sur ma tête, avec ses doigts pesants, Deux lustres tout entiers, surchargés de trois ans, j'ai dû habituer ma parole à marcher sans façon côté à côté avec une humble idée. D'ailleurs l'improvisation, qui, chez d'autres, est un talent, sera pour moi une nécessité. Vous dai- gnerez vous souvenir que, chaque semaine, outre le laborieux