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mystérieux foyer qui verse autour de lui de si divins rayons ?
   Pardonnez-moi, MM., de faire passer une lourde analyse sur
ce qu'il y a dans l'âme de plus suave et de plus délicat. Il
faut bien se résoudre à déchirer une fleur, pour en étudier la
structure.
   Les objets réels qui existent dans le monde s'offrent à nous
avec un mélange de beautés et de défauts. Ils existent, donc
ils sont beaux : ils sont finis, donc ils sont imparfaits. Car le
beau comme le vrai n'est autre chose que l'ETRE. Le néant
n'a aucune beauté : la laideur n'est qu'une litnile ^ un manque
d'être, d'unité > d'harmonie. L'instinct infaillible des peuples
l'a bien senli; les langues en sont la preuve. Le mot défaut,
synonyme de laideur, vient d'un mot latin qui signifie manquer.
Le mot perfection, synonyme de beauté vient d'un mot qui
veut dire achever, compléter. La beauté est donc une plus
grande plénitude d'être ; plus un objet est, plus aussi il
 est beau.
   Or, tous les objets que la nature présente à nos sens pos-
sèdent dans une proportion limitée l'être, la perfection, la
beauté (toutes ces expressions sont synonymes).
    Cette proportion limitée ne peut suffire au cœur de
l'homme. Né pour l'infini, pour le parfait, il l'appelle sans
cesse, il le demande au monde entier: et quand il a, sans
s'assouvir, épuisé le r é e l , son imagination se jetle dans le
possible, s'élance vers un bien que l'œil de l'homme n'a
jamais vu ; elle lâche de l'alleindre, de le saisir, et quand ses
efforts sont inutiles elle revient sur la terre, triste, découragée.

              Gomme un aigle lassé qui retombe des cieux.

   Alors vient l'artiste, le poète. Il s'élève jusqu'à cet idéal du
beau qui flottait nuageux et indécis à l'horizon de notre intel-
ligence, il le saisit de sa puissante main, le comprime, le
cristallise, en fait un ouvrage solide, visible aux yeux des
autres hommes. Dans les objets qui l'environnent, il saisit le
plan qui a présidé à leur formation, il découvre la loi dont