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20? comme esclaves, et la ville livrée au pillage. Les Arabes qui Considéraient Palma comme une conquête assurée y ayant apporté toutes leurs richesses, le butin fut immense (1). Don Jayme fit bénir la grande mosquée et la consacra au culte catholique: il fortifia le port et construisit plusieurs ci- tadelles dans l'intérieur de l'île. La ville fut agrandie, embel- lie, et perdit bientôt toute trace de la sanglante expédition à laquelle les Espagnols donnèrent le nom de Croisade, qui dé- cida enfin du sort des Iles Baléares, réunies alors au royaume d'Arragon et de Caslille, et enfin à la couronne d'Espagne. Le pays était dans l'état le plus florissant, lorsqu'un bâti- ment, ayant la peste à bord, vint s'échouer à la côte. Les Pal- mitains en recueillirent imprudemment les épaves, et bientôt le fléau répandu dans l'île décima la population ; deux fois il suspendit ses ravages et deux fois il reparut avec fureur; la dernière surtout fut si désastreuse, qu'on publia dans toutes les Espagnes que quiconque viendrait fixer sa demeure dans l'île dépeuplée serait exempt d'impôts pendant vingt ans. Aux ravages de la peste succédèrent les horreurs de la guerre ci- vile. Un Hidalgo , ayant enlevé une fille juive, le père de celle- ci assassinale ravisseur; le peuplefurieux se porta auxlieux qui étaient affectés aux juifs, el massacra jusqu'aux femmes et aux enfants. Le feu détruisit la Juiverie et à la faveur du désordre le trésor et toutes les riches habitations furent pillées. Quel- ques années après, c'est-à -dire en 1390,1a Riora, torrent r e - doutable, grossi des pluies inaccoutumées d'une saison sans récolte, renversa une partie des'murailles de la ville, entraîna deux cenls maisons et une église dans laquelle le peuple ef- frayé s'était réfugié (2). Une horrible famine fui la suite de ce (1) A l'époque de la dernière guerre d'Espagne (1823), on montrait enco- re au château d'Àlduernas,dans la Vieille-Castille, de précieux bijoux mau- resques, un coffret byzantin, etc. , conservés dans la famille depuis la prise de Majorque par les Espagnols. (2) Un tableau suspendu à un pilier de la cathédrale près la chapelle Saint-Pierre, conserve le souvenir de cet événement.