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106 SABINE. tion. Je ne puis souffrirM.Sper- (à part) Hélas ! ling. II s'attache à vous comme une bardane, il babille comme MADAME STAAR. une pie.—Bref, c'est un sot. Le jour de tes noces je te le prêterai, ou même dès demain à MADAME STAAR. tes fiançailles, (elle met lepor- Eh ! eh ! mon enfant, que d.'s- trait dans sa poche). tu ? retiens ta langue ! J'ai déjà SABINE. entendu bien des jeunes filles se moquer de ceux qu'elles se trou- Non, non. J'aime mieux no vaient bien heureuses d'accepter jamais le porter ; mais aussi lorsqu'ils se présentaient. point de fiançailles. SABINE. MADAME STAAR. J'aime mieux rester fille. C'est bien, Sabine, fais la pré- cieuse, verse une petite larme, MADAME STAAR. cache-toi. C'est de la pruderie. Eh ! mon Dieu ! que peux-tu J'en ai fait autant jadis. Aujour- reprocher à M. Sperling? N'a- d'hui les jeunes filles regardent t-il pas un beau titre (t)? n'est-il leurs amoureux dans les yeux et pas inspecteur des ponts et chaus- parlent d'un contrat de mariage sées. comme d'une recette pour les SABINE. tourtes aux amandes. C'est tout au plus si elles se trouvent un Cela m'est bien égal. peu mal à la bénédiction nup- MADAME STAAR. tiale. Ses parents ne sont-ils pas SABINE. d'honnêtes gens ? Son grand- Mais, pour moi, chère grand- père s'est même assis au Con- maman, ce n'est pas de l'affecta- seil. (1) Le goîit des tilres est une manie en Allemagne. Voici ce que Jean- Jacques Rousseau dit des Neufcliâlelois qui parlagent ce ridicule : « On peut y porter (le pays de Neufcbà tel) un grand nom sans mérite; mais non pas un grand mérile sans nom. A défaut de dignités et de titres de noblesse, ils oni des litres auxiliaires ou municipaux en telle abondance, qu'il y a plus de gens titrés que de gens qui ne le sont pas. C'est M. le Colonel, M. le Major, M. le Capitaine, M. le Lieutenant, M. le Conseiller, M. le Chà lelain, M. le Maire, M. le Justicier, M. le Professeur, M. le Docteur, M. l'Ancien. Si j'avais pu reprendre ici mon premier métier, je ne doute pas que je n'y fusse M. le copiste. Les femmes portent aussi les litres de leurs maris : Mme la Conseillère, M me la Ministre; j'ai pour voisine Mme la Major; et, comme on n'y nomme les gens que par leurs litres, on est embarrassé comment dire aux gens qui n'ont que leurs noms, c'est comme s'ils n'en avaient point. Lettre à M. le Maréchal de Luxembourg.