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98 qu'il vous fut impossible de le reconnaître pour ce qu'il est et de l'estimer pour ce qu'il vaut, je serais moins à plaindre que vous, Monsieur, car j'aurais encore pour me consoler de ma mauvaise action à son égard le souvenir du plaisir que j'ai éprouvé en le traduisant. La pièce intitulée : les Habitants d'unepetite ville allemande, (Die deutschen skleinstadter), me dispensera sans doute de toute dissertation littéraire sur l'aute'rr; mais quelques mots sur sa vie ne vous paraîtront pas sans intérêt. Auguste-Frédéric-Ferdinand de Kolzbue naquit à Wey- mar le 3 mai 1761. Son père était conseiller de légation. Peu d'auteurs ont obtenu plus de bravos sur le théâtre, peu d'hommes politiques ont soulevé plus de haine dans le cœur de leurs concitoyens, peu d'hommes de talent ont été plus mé- prisés par leurs compatriotes, peu de traîtres ont rencontré une fin plus tragique. Ce littérateur, renommé par sa fécon- dité, même en Allemagne, après avoir étudié le droit, était à vingt ans secrétaire d'un général de génie à Saint-Péters- bourg ; il fut ensuite, au service de la Russie, juge et pré- sident d'un magistrat de gouvernement; c'est aussi à Saint- Pétersbourg qu'il écrivit et fit jouer ses premières pièces. En 1792 il était directeur du théâtre de Vienne. Arrêté sur les frontières russes , il fui, sur je ne sais quel soupçon de Paul I er , transporté en Sibérie. Rentré en grâce auprès de l'empereur qui avait lu par hasard son éloge dans une pièce de Kotzbue, intitulée : le Ce cher de Paul I e r , il est nommé directeur du théâtre de Saint-Pétersbourg. En 1801 il revient à Weymar , attaque dans un libelle, infamant pour son au- teur, Gœthe, Schillei les ScLlegel, et tous les hommes de gé- nie dont l'Allemagne s'enorgueillissait le plus. Puis, il vient à Paris et paie l'hospitaL'.é bienveillante qu'il y reçoit avec son livre : Mes Souvenirs L: Paris, qui n'est souvent qu'une satyre de mauvaise foi. Il agit de même à Rome et à Naples.