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duire avec tant de vérité et d'éclat les étoffes, les dentelles^
etc., etc., mais ce n'est là que de l'adresse, et avec plus ou
moins de temps, tout le monde y réussit. C'est la vie, le mou-
vement, la passion, les caractères, la peau, la chair qui
manquent à toutes les figures de Jacquand. La lèle de la
femme qui apporte la dîme est à peine esquissée, et ses vête-
ments ont la couleur et la dureté du ferblanc. La tête du
moine est faite mesquinement et sèchement, el les membres
et le corps manquent sous son froc. Nous ne disons rien des
autres figures qui sont restées à l'état d'intention.
M. Jacquand est incontestablement un artiste de talent
mais il s'enfonce dans les défauts dont est infestée l'école
lyonnaise, et il est à craindre qu'il ne reste dans l'ornière où il
est tombé. Souhaitons-lui ferme résolution pour rentrer dans
le vrai.
JOIIANNOT, l'un des premiers de nos peintres anecdotiques,
possède une touche fine et franche, une couleur agréable, une
grande habileté de main, et un goût d'arrangement qui ne sent
pas la manière ; ou pourrait désirer un peu plus de vigueur
dans quelques-unes des parties du tableau qu'il nous a envoyé,
un peu moins de négligence dans quelques détails, mais on ne
saurait imaginer un effet d'ensemble plus agréable.
LAURASSE. — On se plaint à toutes les expositions de la
quanlilé de portraits qui encombrent le salon; c'est même lÃ
un propos commode à ceux qui n'ont ni la volonté, ni le pou-
voir d'énoncer une opinion quelconque. Un très-mauvais
portrait est pourtant encore la chose la plus supportable de la
mauvaise peinture ; un portrait parfait est peut-cire le chef-
d'œuvre del'art. Nous avons quelquefois reproché à M. Laurasse
la couleur crue et exagérée de ses tableaux; nous ne trouvons
aujourd'hui que des louanges à donner à la couleur solide et
vraie du portrait de M. L . . . . Courage, M. Laurasse ! persévé-
rez dans cette voie ; de beaux el légitimes succès vous y atten-
dent !
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