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69 façon dans sa cause. Et effectivement, comme c'est une chose évidente qu'il ne peut pas y avoir moins de réalité dans la cause que dans l'effet, mais que la cause étant infinie, il y a nécessairement en elle à l'infini ce que Ton retrouve fini dans l'effet, il faut donc que cette cause ait en elle à l'infini tout ce qu'il y a de charme pour nous dans un père, dans une épouse, dans un enfant, et que nous devions nous trouver épris pour elle de toutes les affections de notre cœur. Eh! quoi, par sa bonté, par sa beauté et par son innocence, Dieu serait tout cela pour nous 1 Voilà donc pourquoi il me semblait toujours, lorsque j'aimais Dieu, que je n'avais pas de plus proche parent? Je ne m'étonne plus si son sentiment dans mon cœur me faisait toujours l'effet de la plus tendre affection de famille. Oui, Dieu sera positivement pour nous comme notre père, comme notre frère, comme notre épouse, comme notre ami, comme notre enfant, comme notre prochain, et même, com- me tout ce que la nature a pour nous de plus délicieux. Car l'enfant aime son père comme la source et la cause de son existence ; or Dieu est bien la source et la cause suprême de notre existence ! Le frère aime son frère parce qu'il se sent porté vers lui par la ressemblance de goût et de nature; or Dieu est bien l'être à la suprême ressemblance duquel nous avons été faits! L'homme aime sa femme parce qu'elle l'en- chante par sa beauté et le réjouit par sa tendresse ; or Dieu est bien la source suprême de la tendresse et de la beauté infinie ! L'homme aime son ami parce qu'il est un second lui-même , toujours prêt à l'assister ; or Dieu est bien la providence suprême toujours attentive à nous se- courir ! L'homme aime son enfant parce qu'il se retrouve en lui orné de toute la pureté de l'innocence ; or Dieu est bien l'idéal infini de notre ressemblance ! L'homme aime son pro-