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40 sïon. Le couvent a ses jardins enfermés, ses ponts, ses bas- tions et ses tourelles qui sont là decus et tutamen. Deux belles cours : celle au midi, autrefois garnie d'arbres, était pour les frères convers, les servants,le procureur,les officiers.Là donc, l'atelier,le temporel de la maison. L'autre cour, au nord, a t o u t jamais inviolable, fermée, entourée d'arcades, avec un beau jet-d'eau, contenait les cellules des révérends pères cloîtrés, toutes à guichets comme autant de prisons d'état, mais moins sombres, car chaque cellule a ses deux pièces bien éclairées et son petit jardin; enfin là , le spirituel, le foyer de la prière, l'é- glise, l'habitation dedom prieur et le cimetière.Trois lieux d'u- niques rendez-vous chez les Pères., régnaient entre les deux cours. À l'église, s'annexe une chapelle spéciale, c'était la cha- pelle delà fondatrice,de la princesse, chapelle oùcetledamnée, au dire du peuple haineux, a vainement pleuré, gémi, et s'est sans rémission mortifiée, couverte de cendres, et frappée la poitrine.... On voit encore plus que des traces de toutes ces choses : lescellulesonttoujoursleursemblêmes incrustés sur la pierre, l'église a ses stalles avec leurs sculptures bizarres et grima- çantes, une ou deux peintures encore ; le cimetière, quelques croix sépulcrales, et l'église, son clocher coquet d'abbaye. Le lierre, ce mentor de toutes les ruines, visite, protège et soutient tout cela de sa main crispée. A la place des révérends pèreSj s'est blotti un village entier comme à Cluni, village soumis au régime municipal. Un petit peuple a trouvé à s'y loger à l'aise. Il y a des passementiers, des cloutiers et des agriculteurs. Le cabaretier lient les caves et les appartements de dom prieur avec cette enseigne : ICI, CHEZ PITIOT ON NE VEND PAS DU BON VIN, NON, C'EST LE CHAT ! C'est encore là qu'on se rend. Des ourdisseuses occupent les cellules des pères. La destination ayant, comme on le voit bien, changé Finie-