Revue du Lyonnais » série 1 - n°13 ( 1841 ) » pp.036

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 jeûnes et des mortifications, dont la durée ne la fit pas recu-
 ler. Elle n'avait plus le moindre souci des biens temporels.
 Sa vie était toute de prières et d'abnégation, c'est encore ce
 qui fit que les exactions de ses collecteurs continuèrent en
 son n o m , el entretinrent jusqu'à sa mort la haine de ses vas-
 saux contre elle.
    Son aumônier ne la quittait pas. Lui seul avait le don de
 la calmer, el pour lui faire supporler la vie, il avait toujours
quelques passages des saintes écritures à lui réciter.
    Nous avons dit que ce sage rêvait son isolement des h o m -
 m e s , en vue de Dieu dont i) voulait se rapprocher par la m é -
 ditation et par la prière si bien nommée la Respiration de l'â-
me, et qu'il n'aspirait qu'à finir ces jours disciple de St-Bruno
en quelque lieu sauvage, où s'il devait être dur de vivre, il
devait être par contre doux de mourir. Déjà même depuis
quelque temps il avait promis à l'un des prieurs de l'ordre
 stabilité, obéissance et conversion de ses m œ u r s , et cela, de-
vant Dieu et ses saints et les reliques d'ermitage, bâtis en
l'honneur de la bienheureuse A'ierge Marie et de St-Jean-
Baptisle, ce que juraient les Chartreux.
    Un bref d'Urbain II, confirmé par une bulle d'Alexandre III,
avait autorisé l'ordre de St-Bruno et avait mis celle société r e -
ligieuse en possession de la grande Chartreuse ou Chartrousede
Grenoble, d'où Guigues, cinquième général de l'ordre, venait
de faire répandre tout fraîchement la coutume en divers lieux.
   Les principaux traits de leur discipline étaient la récilalion
de l'office en commun aux heures déterminées par l'église, le
silence qu'il n'était permis de r o m p r e que dans des circons-
tances rares. Ils prenaient leur repas en particulier, observant
des jeûnes fréquents et une sévère abstinence. De ces coutu-
mes el de beaucoup d'autres que nous omettons, la plus
singulière était de se faire saigner, savoir : les Chartreux cinq
fois par an el les frères convers quatre fois. Ils s'abstenaient
de viandes dont ils ne mangeaient pas même dans les plus
grandes maladies.