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Le tumulte des camps, les chasses dans les bois,
Les transports amoureux, les querelles des rois.
Tantôt elle s'unit au drame des Atrides,
Et fait en cris aigus hurler les Euménides :
Tantôt elle nous montre et le gai Figaro,
Et Suzanne, et Rosine, et le vieux Bartholo.
A la voix de Bertram elle évoque les nonnes,
Peuple de feux follets les gothiques colonnes,
Ou conduit chez don Juan, au milieu du festin,
Le commandeur de pierre, emblème du destin.
Fable, histoire, légende, et drame et comédie,
Elle colore tout avec la mélodie.

Plus austère parfois, dédaignant le secours
De la scène, du chant, des danses, des amours,
La musique se borne au multiple langage
De l'orchestre, et c'est là son plus bel apanage.
Alors elle s'élève au dessus du réel,
Et, comme un pur encens, monte à l'azur du ciel ;
Ou bien, le désespoir, comme une mer profonde,
Déborde eu ses accents où la tempête gronde ;
Son vol, qui parcourait les plaines de l'éther,
Va se plonger soudain aux gouffres de l'enfer.
Sœur de la poésie, en des plaintes germaines
Elle traduit le cri des douleurs surhumaines,
Et de Faust, de Manfred, les immenses sanglots
Trouvent dans Beethoven de lugubres échos.
Mais ma muse s'égare en de nombreux méandres.
Je voulais célébrer nos modernes Terpandres,
Vanter le luth divin qu'illustra Tartini,
Et que la mort ravit au grand Paganini;
Parler du quatuor, et, malgré Fontenelle,
Donner à la sonate une gloire nouvelle.