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9 Et l'étoile envoya, dans un tremblant rayon, Leurs dires au ruisseau qui coulait au vallon, Et le calme ruisseau dans sa langue plaintive, Murmura les secrets des amants à la rive ; Et la rive les dit à l'écho voltigeant; Et l'écho les jeta sur les ailes du vent; Et le vent frais du soir, égaré sous l'ombrage, Les dit au rossignol qui chantait au bocage; Et le chantre des nuits, chantre au brillant gosier, L'oiseau musicien, perché sur un rosier, Révéla le secret, sans le vouloir peut-être, À la mère, appuyée au bord de sa fenêtre. II. Alors la jeune fille, exprimant ses regrets, Maudissait en ces mots les témoins indiscrets : « O Lune, qu'il te manque, au plus fort des orages, « Ta nacelle d'argent et ton lit de nuages; « Que l'étoile, du haut de sa tente d'azur, « Cherche en vain, pour se voir, un flot brillant et pur; « Que les eaux du ruisseau se desséchent, semblables « A ces torrents d'été qu'engloutissent les sables; « Que la rive n'ait plus, quand printemps va venir, « Des arbres, des gazons, desfleurspour l'embellir; « Que l'écho voltigeant au vallon ne répète « Que le cri de l'oiseau qui prédit la tempête; « Que le vent, aujourd'hui si léger et si frais,