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Et l'étoile envoya, dans un tremblant rayon,
Leurs dires au ruisseau qui coulait au vallon,
Et le calme ruisseau dans sa langue plaintive,
Murmura les secrets des amants à la rive ;
Et la rive les dit à l'écho voltigeant;
Et l'écho les jeta sur les ailes du vent;
Et le vent frais du soir, égaré sous l'ombrage,
Les dit au rossignol qui chantait au bocage;
Et le chantre des nuits, chantre au brillant gosier,
L'oiseau musicien, perché sur un rosier,
Révéla le secret, sans le vouloir peut-être,
À la mère, appuyée au bord de sa fenêtre.
II.
Alors la jeune fille, exprimant ses regrets,
Maudissait en ces mots les témoins indiscrets :
« O Lune, qu'il te manque, au plus fort des orages,
« Ta nacelle d'argent et ton lit de nuages;
« Que l'étoile, du haut de sa tente d'azur,
« Cherche en vain, pour se voir, un flot brillant et pur;
« Que les eaux du ruisseau se desséchent, semblables
« A ces torrents d'été qu'engloutissent les sables;
« Que la rive n'ait plus, quand printemps va venir,
« Des arbres, des gazons, desfleurspour l'embellir;
« Que l'écho voltigeant au vallon ne répète
« Que le cri de l'oiseau qui prédit la tempête;
« Que le vent, aujourd'hui si léger et si frais,