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HlSTOIRK DE LYON. 421 autre chose que la lettre rapportée par Eusèbe. Ne dirait-on pas un monument tout différent ? Quant à la sainte elle-même, M. Monfalcon nous la représente comme une jeunefillefrêle et souffrante, ce qui est fort intéressant; mais la lettre des Chrétiens ne dit rien de pareil. Blandine était une honnête et courageuse domestique, qui sut animer les autres fidèles par son intrépidité, et se montrer comme leur noble mère, dit la relation des Chrétiens. M. Monfalcon ne donne que peu de place à l'examen des écrits de saint Irénée, si précieux pour l'Eglise et pour la philosophie. C'est laque de nos jours on a puisé les documents les plus curieux pour l'histoire du gnosticisme, dont saint Irénée fut un habile adversaire. Suivant M. Monfalcon, « Terlullien trouvait dans les ouvrages d'I- rénée beaucoup d'érudition et de force, et en même temps du na- turel et de l'éloquence (page 180). » Si l'auteur eût ouvert Tertul- lien, il n'aurait admis de tout cela que le mot érudition, car Ter- tullien se borne à représenter saint Irénée comme un explorateur très attentif de tous les genres de sciences (1), et ne parle ni de force, ni de naturel, ni d'éloquence. Un peu plus bas, M. Monfalcon nous dit « qu'il n'y avait point d'évêque dans les Gaules pour imposer les mains à Irénée. » Il est vrai que dom Massuet (2), éditeur des Œuvres du pontife, émet l'opinion reproduite par notre Historien, mais le docte Bénédictin a été induit en erreur par Eusèbe, qui dit effectivement qu'Iréuée était à la tête des Eglises des Gaules; toutefois, cette locution doit s'expliquer par des expressions pareilles du même auteur. Or, d'a- près lui, saint Denys était évêque des Eglises d'Alexandrie, c'est-à - dire des diocèses, ou paroisses (comme on disait), qui relevaient de cette grande cité; et cependant on trouve en Egypte, à la même époque, le vieillard Chérémon, évêque de Nilopolis ; Conon, évêque d'Hermopolis; Ammon, évêque de Bérénice; Basilides, évêque de la Pentapole, etc. Les paroles d'Eusèbe doivent, selon nous, s'en- (i) Iieuicus, omnium doctrinarum curiosissimus explorator. Adv. Valenlin. Cap. "VI, pag. aSa, edit. Rigalt. (a) Inli'enaîi lihros Dissert. II, art. i, n. i3 et seq.