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308 ÉTUDE SUR LA VIE ET SUR LES ÉCRITS parmi les Cénobites, obtenaient la permission de se claquemu- rer dans une cellule et de s'y livrer à la contemplation. Il exis- tait d'autres Anachorètes, mais volontaires et indociles ; il y avait des Circoncellions qui promenaient çà et là l'habit mona- cal, et ne s'arrêtaient, ne se fixaient nulle part; il y avait enfin les Sarrabaïtes qui s'enfermaient, à la vérité, dans des monas- tères, dans des cellules, mais qui secouaient toute salutaire dépendance, travaillaient pour acquérir de l'argent, et non point pour donner aux pauvres; affectant d'ailleurs certains dehors peu édifiants, de larges manches, des chaussures où nageait le pied, un vêtement grossier, de fréquents soupirs; médisant des clercs, visitant les vierges, et quand arrivait un jour de fête, se saturant jusqu'au vomissement (1). Ce n'est pas pour ces trois derniers genres de moines, on le comprend bien, que sont réservées les affections d'Isidore. La clôture du monastère devait être exacte; on ne permet- tait qu'une porte d'entrée et une porte de derrière pour com- muniquer avec le jardin; il fallait que le jardin se trouvât dans l'enclos, de sorte que les moines ne fussent pas distraits pen- dant leur travail. La métairie [villa) du monastère en était éloignée, de peur qu'elle ne fût une occasion de dérangement. Les cellules des frères étaient près de l'église, afin qu'ils arri- vassent plus tôt à l'office. L'infirmerie, au contraire, était éloignée de la boutique et des cellules des Religieux, pour que les malades ne fussent point fatigués du bruit (2). Les autres, à moins que leur santé ne s'y opposât, s'adon- naient au travail des mains, et le charmaient par le chant des psaumes, qui étaient comme le divin céleusma avec lequel ils adoucissaient leur peine (3); car, dit Isidore, si les ouvriers (i) De Offic, II, i 5 . (2) Régula Monachor, cap. i. (3) De Offic, II, i5.