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250                        LA COUI-fi.

      Je t'ai vu, le carquois sonnant sur tes épaules
      Descendre, ô dieu joyeux, sur nos coleaux des Gaules
      Et tes cheveux flotter, et les rubis pleuvoir !

  Comme sous le baiser frémit un sein d'amante,
  Sous tes yeux printaniers la terre au loin fermente,
  Les féconds éléments s'y combinent entr'eux ;
  La flamme du silex, les pleurs de la rosée
  Se mêlent dans le cep, et la sève embrasée
  À gonflé les bourgeons d'un esprit généreux.

  Bientôt la jeune vigne au vieil orme s'enlace;
  Le pampre offre aux amours sous son ombre une place,
  Près du faune enivré la nymphe y vient le soir ;
  L'été voluptueux brunit l'ardente grappe,
  Puis, buvant à deux mains le doux sang qui s'échappe.
  L'automne au front pourpré danse autour du pressoir.

  Nous, maintenant, tirons du sommeil et des ombres
  Ce soleil enfoui, trésor pour les jours sombres,
  Sève de feu qui vient réchauffer nos hivers ;
  Dans le cœur le plus sombre à briller toute prête
  Peut-être avec ce vin, d'une veine secrète
  La gaîté va jaillir, sur l'heure, et les beaux vers.

  Partout où la sema la nature en largesse,
  CHeillons la joie, amis, germe de la sagesse :
  D'une fleur au jardin et d'une étoile aux cieux,
  Du chant sacré d'un maître, ou des yeux d'une belle,
  De toute chose enfin ou divine, ou mortelle,
  De ce cristal bleuâtre où rougit le vin vieux.

  A table ! avant d'ouvrir la solennelle amphore
  Que d'habits éclatants l'amitié se décore ;