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                  MADEMOISELLE DE MAGLAÃŽÃD.                      227

d'un chien se faisaient entendre à peu de distance ; il marcha dans
cette direction et se trouva bientôt en vue d'une maison à l'ita-
lienne, dont les colonnes se détachaient sur le fond vert que for-
mait derrière elle le feuillage d'un épais fourré qui s'étendait jus-
qu'au sommet de la colline ; le voyageur s'arrêta devant cette élé-
gante bastide à laquelle conduisait une longue allée de ces lauriers
séculaires que le Français du nord voit avec tant d'étonnement
dans la Provence. Des massifs de jasmins, de grenadiers mêlés aux
oliviers poudreux s'étendaient au loin ; le parfum de la cassie que
la brise du soir soulevait en une poussière d'or, embaumait ce lieu
ravissant. Absorbé par le charme de tout ce qui l'entourait, et plein
de ce trouble poétique dont ne peuvent se défendre certaines orga-
nisations en face des beautés de la nature, le voyageur n'entendit
pas un bruit débranches rompues qui se faisait dans le taillis; tout-
à-coup un chien parut, et, s'élançant sans hésitation, vint tout hale-
tant en poussant de petits cris de plaisir, poser ses grosses pattes
sur la poitrine de l'arrivant. — C'est toi, Beppo ! mon bon ami !
conduis-moi vers ta maîtresse, mon beau chien, allons! — Et
comme s'il eut compris l'invitation, l'intelligent animal se mit à
marcher devant en tournant la tête à chaque pas pour s'assurer que
celui à qui il servait de guide le suivait ; ils arrivèrent ainsi jus-
qu'au bout de l'avenue. Quelques personnes étaient assises sous la
colonnade ; une femme descendit le perron en courant et se pré-
cipita au devant de l'arrivant ; on n'entendit qu'un cri : Chère
Marie ! — Bon Auguste '



                               XVIII.



          AUGUSTE DE BLOSSAC A CHARLES DE ROUVRAY.



  J'ai revu M lle de Magland ; ce n'est plus cette jeune fille, plein"
3e vie et d'enthousiasme, à qui toutes les joies semblaient promises;