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                    KT I)E SA RÉPARATION.                    213

reconnaisse qu'il ait quelque reste de vie, on admet qu'il a
quelque reste de causalité. Si l'homme a une moindre vo-
lonté et une moindre force pour le bien, par le mouvement
 de bonheur inhérent à son être, il lui reste au moins le be-
soin de recouvrer la forcé et le bien qui lui manquent ; et
 comme le besoin dans un être spirituel est le désir, donc
l'homme a le désir de rentrer dans la possession de son être
el de son bien; s'il a le besoin spirituel, ou le désir de la
grâce, donc il la reçoit, puisque le désir est déjà une prière.
 « Car prier c'est désirer, dit Fénelon, on ne prie qu'autant
qu'on désire ; » donc, au lieu de détruire la causalité, la grâce
suppose au contraire un germe de causalité qu'elle vient
protéger, féconder et développer ; donc la grâce, loin d'atta-
quer la liberté, est la substance même dont se forme la li-
berté ; donc l'homme qui n'était qu'en puissance d'être libre,
le devient effectivement par la grâce. Or, la liberté est la
santé de l'ame ; car la liberté est le pouvoir d'accomplir de
soi-même sa loi.
   C'est ainsi que la grâce est la condition de la liberté. Mais
la liberté est-elle la condition de la grâce?


   De ce que le désir obtient la grâce, il ne faut pas croire
qu'il la mérite. Il faut bien y faire attention, nous ne méri-
tons pas par l'effort qui est dans le désir, mais Dieu veut bien
avoir égard à l'effort qui est dans le désir. Car si l'homme re-
mettait ses actes à Dieu pour prix de la grâce, il rendrait
Dieu son débiteur, el traiterait d'égal à égal.
   Ce ne serait pas Dieu qui nous accorderait la grâce, ce
serait l'homme qui la mériterait : la grâce cesserait, d'être
grâce.
  On concevra parfaitement, d'une part, que la grâce est
purement gratuite ; d'autre part, que Dieu la proportionne Ã