Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
198               DE LA CHUTE DE L'HOMME

le sein de l'être libre sans violer sa volonté, conséquemmeni
sans anéantir l'être libre lui-même ?



                      CHAPITRE XIX.


  COMMENT LE SECOURS ABSOLU PEUT-IL DESCENDRE DANS
      LE SEIN DE L'HOMME SANS VIOLER SA LIBERTÉ ?



   Les hommes ordinairement ne s'approchent pas de la vérité
avec un esprit assez vaste pour la contenir ; elle n'entre en eux
que par un coin, et elle en sort par un autre. Cette observa-
tion est surtout vraie dans l'importante question de la grâce
et de la liberté.
   Beaucoup d'esprits se sont représentés les choses de la ma-
nière suivante : Par sa chute, l'homme a perdu sa raison, il
a perdu sa liberté, il a perdu l'amour, ou ce qui lui en reste
lui devient plus funeste qu'utile. Pour réparer l'homme, il
s'agit donc aujourd'hui de substituer la foi à la raison, l'o-
béissance à la liberté, et la grâce à l'amour.
   Et de là les conséquences : une hostilité fondamentale pre-
mièrement contre la raison, secondement contre la liberté,
troisièmement contre tout ce qui vient du cœur de l'homme.
Ces trois éléments dangereux doivent être poursuivis dans le
monde sous tous leurs noms et sous toutes leurs formes, dans
les sciences, dans la politique, dans l'éducation, partout où
ils se présentent, et jusque dans les habitudes que doit con-
tracter la piété.
   Cette fâcheuse conception engendre une réaction, comme
on le pense, qui ne finira qu'avec l'homme lui-même. Ainsi,