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                       ET DE SA RÉPARATION.                          175

      En effet, la vie absolue consiste à connaître Dieu, non plus
   comme dans un miroir, et à le posséder, non plus comme dans
  un sacrement, mais face à face (i) et tel qu'il est (2). Comme
  de cette vie à la vie absolue, ou de la créature à Dieu, il y a
  dans l'être une distance infinie, il est donc impossible à la
  créature, par ses moyens naturels, de voir Dieu face à face
  et de le posséder tel qu'il est.
      Pour que l'homme puisse s'élever à cette vision et à cette
  possession de Dieu, ne faudrait-il pas qu'il fut doué de facul-
  tés infinies, c'est-à-dire de facultés qu'il ne peut avoir dans
 l'ordre de la nature. Pour que l'homme puisse seulement por-
 ter sa pensée au dessus de la nature, sans parler de mériter
 la vie éternelle, il a besoin d'un secours qui soit au dessus
 de la nature.
     Entre le relatif et l'absolu il y a la distance infinie. Dire à
l'homme, quant à son ame, de monter de lui-même jusqu'à
Dieu, autant vaudrait lui dire, quant à son corps, de s'élever
dans les airs et d'y rester suspendu.
     Il était donc nécessaire que Dieu envoyât à l'homme un
secours absolu s'il voulait l'élever jusqu'à lui-même. En der-
nière analyse, ce qu'il faut remarquer c'est que la grâce n'es!
pas seulement un secours relatif, naturel, c'est-à-dire con-
forme à la nature humaine ; mais un secours surnaturel, ab-
solu, c'est-à-dire conforme à la nature divine. L'être relatif
ne pouvant s'élever jusqu'à Dieu, Dieu descend jusqu'à lui
pour le diviniser. La grâce est ce don surnaturel qui nous
fait participer à la nature divine (3).

art. 5 ; pars prim.'quœst. 12 , art. 4 ; quœst. 23, art. 1 ; quœst. 114,
art. 2.
   (1) S. Paul.
   (2) S. Jean.
   (3) Voir l'admirable commentateur de S. Thomas, M. Rohrbacher, dans
son Traité de lu grâce et de la nature-