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148 BULLETIN MUSICAL ET DRAMATIQUE. fend naturellement sans effort et sans fatigue. Les morceaux de genres bien différents, chantés par M . Dayet, ont révélé son talent sous toutes les formes ; il a su empreindre la scène des Martyrs d'un caractère tout à la fois sévère et pathétique ; le récitatif a été dit d'une manière parfaite ; dans la mélodie du Cor, sa voix s'est montrée grave et douce, et il a exécuté sa chansonnette avec toute la légèreté et le goût que le genre comporte ; l'exiguïté du local a dû forcer M . Dayet à se modérer et à se contenir, mais lors même qu'on sentait qu'il ne donnait pas tout le volume de sa voix, cette avarice n'avait rien de pénible. M . Dayet a donné une soirée musicale à Mdcon, et s'est fait entendre au théâtre, où sa réputation avait attiré la foule ; il a obtenu de légitimes ap- plaudissements, et celte fois encore le goût n'a point à protester contre le succès. Espérons que M . Dayet s'attachera à notre scène, et que nous aurons encore le plaisir de louer son beau talent. M . Jansenne, noire habile professeur de chant, convie cet hiver dans ses salons l'élite de la sociélé lyonnaise à de délicieuses soirées musicales où l'on a le plaisir d'entendre de la bonne musique et de fort belles voix. M . Massoi a fait applaudir là , pour la première fois, à Lyon, son talent large et puis- sant dans un nouveau morceau de Vogel, Gain. L'effet a été aussi grand et inattendu que la surprise agréablement ménagée par M . Jansenne. M l l e Grégoire et deux jeunes gens, élèves de M . Jansenne, nous ont fait connaître, la première, dans un duo de Charles VI, e l l e s seconds, dans un dno des Noces de Figaro, une bonne méthode et d'excellentes qualités vocales. M 1 '" Grégoire est appelée à de beaux succès sur notre scène. Deux romances, la Plainte du Pâtre et le Fil de la Vierge, ont été chantées par M . Jansenne, avec un goût et une expression qui ont enlevé tous les suf- frages. M . Vidor, sur le piano, et M . Eisenbaum sur le violon, M . et M m e Ei- chfeld, dans un duo allemand, et M. D . . . dans le duo de la Reine de Chypre ont complété le programme de celte soirée, dont M11"5 Jansenne a fait les hon- neurs avec toute sorte de grâce et d'esprit. La soirée de lundi 2 mars est appelée à faire bien des envieux. M , n e la mar- quise de Montréial doit y faire connaître le beau talent de la cantatrice Annette Lebrun. BULLETIN A R T I S T I Q U E . A Lyon comme à Paris, la foule s'est passionnée pour le portrait du frère Philippe, par Horace Vernet. C'est le fait de toute grande œuvre. M . Alphonse J a m e , l'un des plus distingués de nos amateurs, a exposé une étude de femme sous le nom de la Louve. Quoiqu'il en soit de son identité avec le beau type qu'en a tracé Eugène Sue, elle renferme de bonnes qualités de dessin, on désirerait qu'elles fussent accompagnées d'un coloris un peu plus chaud et vigoureux qui ne messiérait pas à la nature du personnage ; ce serait, au reste, l'affaire de quelques glacis ; un Anglais a, dit-on, acquis celte toile à un haut prix. Nous l'en félicitons. Un gracieux tableau de genre, d'une belle couleur, et un joli portrait de femme, d'un arrangement plein de goût, d'une exécution fine et élégante, a prouve que le talent de M . J a m e , pouvait s'essayer avec succès dans plus d'un genre. Notre compatriote, M. Richard, après une longue absence de nos Exposi- tions, y a reparu avec toutes ses bonnes qualités d'autrefois. Son C/o/7/-eest d une bonne couleur et d'une heureuse perspective, mais nous cherchons vainement des corps sous le coslume monastique de Comminge et sous celui de sa maîtresse.