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                   MAJ)I<:MOISI<:LLK DE MAGLAND.                   137

blessé, écrasé celle odieuse Alix. C'est bien peu pour tout le mal
dont elle est la funeste cause !
    « Je suis décidé à visiter l'Allemagne, la Flandre, l'Angleterre,
et, à mon retour, j'irai en Provence, à Malvignane, où je resterai
jusqu'à ce qu'on m'en chasse. Adieu. »
    Il y a, dans notre France, un coin déterre privilégié, où le ciel
est toujours pur, le soleil toujours resplendissant. L'hiver ne fié
trit jamais la verdure des prés semés de narcisses, de violettes, de
jacinthes et d'anémones bleues ; les lieux en apparence les plus in-
cultes sont couverts de thym, de serpolet, de lavande, de gené-
vriers qui jettent à la brise leurs parfums pénétrants. Les sentiers
les plus déserts sont bordés de lauriers roses et d'arbousiers, sous
lesquels fleurissent des tulipes aux mille couleurs, et la fraise em-
baumée. Dans ce pays fortuné, l'homme s'endort au pied de son fi
guier, au milieu de sa vigne, qui prennent racine au creux des
 rochers, et la vigne et le figuier lui donnent tout ce qu'ailleurs il
oserait à peine attendre d'un travail pénible et de soins assidus;
les orangers, les citronniers forment d'immenses bosquets d'un
 vert sombre, au dessus desquels les palmiers balancent leurs pana-
 ches élégants. Des montagnes hardiment découpées, souvent cou-
 vertes de bois de pins et de lentisques, abritent contre les vents
du nord cette plaine riche et fleurie comme la Vega de Grenade,
qui s'étend le long de la mer, de Marseille à Nice. C'est le spectacle
 le plus grandiose et en môme temps le plus gracieux que cette mer
de la Méditerranée : c'est celui qu'on ne contemple jamais saus un
nouveau sentiment de surprise et d'admiration ; tantôt elle semble
s'épancher au loin comme un grand lac aux flots d'azur sur lequel
 la voile triangulaire de la tartane passe comme l'aile blanche d'un
 cygne; tantôt ou la voit palpiter fière et capricieuse sous le bateau
du pêcheur catalan. Parfois aussi elle s'élance en bouillonnant contre
 le roc qui la repousse, et, mugissante, elle revient encore avec de
 hautes vagues qui montent furieuses, retombent et s'aplanissent
 comme une nappe d'argent; son aspect varie sans cesse, et tou-
jours il offre à la pensée un espace immense où l'ame fatiguée se
 repose, où le sentiment poétique s'éveille, où les rêveries s'égarent,
 et l'on se laisse aller avec délices à toutes ces émotions. Que de