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114                 SUR LE LIEU DE LA BATAILLE

puisque les vainqueurs entrèrent dans cette ville le jour même,
ou du moins le lendemain de la bataille. Or, on trouve aux
environs de Lyon, du côté de Saint-Just, un terrain très
accidenté qui peut correspondre à celui marqué par les histo-
riens. Ces deux ruisseaux que Xiphilin représente comme
teints du sang des soldats des deux partis peuvent être les
deux ruisseaux qui se jettent dans la Saône près du faubourg
de Vaise, l'un venant d'Ecully et de Dardilly, l'autre venant
de Saint-Didier-au-Mont-d'Or et appelé ruisseau de Roche-
Cardon. On a trouvé plusieurs fois, et particulièrement ces
dernières années, sur le terrain que nous fixons à la bataille,
des pointes de lance et de nombreux tronçons d'armes antiques.
   Mais pourquoi tous les historiens modernes ont-ils cité
 notre plateau de Trévoux comme le théâtre de la bataille? le
 dirai-je?Tous ont été induits en erreur par le P. Chifïlet. Ce
point étant peu important pour ceux qui embrassaient tant
de faits dans leurs histoires, ils n'y ont pas apporté une at-
tention particulière, et ont préféré suivre le sentiment du
jésuite plutôt que d'examiner s'il était fondé. Tillemont (1)
n'apporte pas d'autres raisons pour placer la bataille à Tré-
voux que telle était l'opinion du P. Chifïlet. Crevier (2) et
Gibbon (3) ont suivi Tillemont, et c'est ainsi qu'à l'abri de
grands noms se propagent souvent les erreurs histori-
ques.
   Celui qui doit le plus nous étonner, c'est le P. Ménestrier
qui, auteur d'une histoire particulière de Lyon, et vivant sur
les lieux, aurait pu mieux connaître le théâtre de la bataille;
mais il a embrassé aveuglément le sentiment de son confrère,

   (i) Tome III des Mémoires pour l'Histoire des empereurs romains, p. 4^7,
note 18.
   (3) Histoire des Empereurs, tome V, in-4 0 . Livre XXII, p. 82.
   (3) Hist, de la décadence el de la chute de l'Empire romain, tom. I, ch. 5, et
la note.