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                       MÉMOIRE SUR [/ATLANTIDE.                                     kl

   Les émigrations des Ethiopiens ne se bornèrent pas, sans
 doute, à l'Egypte : ils se répandirent aussi vers l'Ouest et
 occupèrent la chaîne de l'Atlas qu'ils suivirent jusqu'à l'O-
céan. Ils portèrent dans cette vaste contrée la môme civili-
sation, les mêmes arts qu'ils avaient apportés au bord du
Nil. Cette opinion que nous émettons ici n'est pas, certes,
dénuée de fondement ; des preuves assez fortes viennent l'ap-
puyer. Nous les ferons connaître, quand nous parlerons de
la langue et des usages. Nous dirons ici seulement que le
nom d'Ethiopie n'aurait pas été donné à toute la côte sep-
tentrionale d'Afrique, si les Ethiopiens ne l'avaient pas oc-
cupée. En oulre, Diodore de Sicile, faisant mention d'une île
qu'il nomme Hespérie, et qui, d'après la position qu'il lui
donne, ne peut être que l'Atlantide, l'a dit habitée par des
Ethiopiens (1).
   Il paraît qu'un des chefs de ces émigrations s'appelait Tlo-
asc^ixv , le Neptune des Grecs (2) ; il divisa sa conquête avec
plusieurs autres chefs qui étaient peut-être ses enfants. C'est,
du moins, ce que marque Platon dans son Critias, et l'At-
lantide fut partagée en dix parties ou dix étals particuliers.
Ces états étaient réunis dans une espèce de confédération,
semblable à celles des Amphictyons de la Grèce et des douze
tribus d'Israël, et encore aux confédérations qui unissaient
J e l'Indus. C'est ce qui expliquerait les rapports étonnants qui existent entre
les arts et l'architecture des Ethiopiens et des Indiens. Mais cette émigration,
s'il nous est permis de l'admettre, aura dû avoir lieu bien longtemps avant l'é-
poque que lui fixe Eusèbe, 404 ans après Abraham         (Canonum     Chronicorum
lib. post.).
  (1) Livre I I I , ch 27. La côte septentrionale de l'Afrique portait aussi, chez
les Anciens, le nom de Libye : les Carthaginois étaient appelés Libyens. Héro-
dote appelle Libyens les habitants des environs du cap Nun. Livre I V , ch. 2 8 .
  (2) Il ne doit pas paraître étonnant de voir des rois et des chefs Al-
lantes revêtus de noms grecs ; Platon nous en explique la raison dans sou
Critias. Hérodote, liv. I I , ch. 5o, rapporte que les Grecs ont pris des Libyens
le nom et le culte de Neptune.