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500               MADEMOISELLE DE MAGLAND.
fourberies pour satisfaire à la fois le goût 1res vif qu'elle avait pour
vous et la haine qu'elle nourrissait pour Marie. L'instinct de votre
bonheur aurait lutté contre ce que vous appelez la voix de votre
conscience. Ou vous nous avez tous trompés, en feignant pour Alix
une antipathie qui n'existait pas, ou elle s'es1! subitement éteinte
quand la fortune de Marie est venue augmenter la sienne ; dans l'un
ou Tautre cas je vous méprise. — Raoul, la figure cachée dans ses
mains, était accablé par ces reproches véhéments qui le frappaient
au cœur. Des larmes brûlantes s'échappaient de ses yeux. — Ainsi,
s'écria-t-il avec désespoir, Marie et toi me méconnaissez à ce point
«le croire que de vils motifs d'intérêt       — Préférez-vous qu'elle
sache qu'Alix était sa rivale?—Mais tu sais qu'il n'en est rien,
Auguste, puisque tu as soulevé le voile qui cachait ce triste mys-
tère; un instant d'égarement que j'aurais voulu racheter au prix
de la moitié de ma vie, a engagé mon avenir tout entier. Je me
suis mis aux genoux de cette femme pour lui demander pardon
de son déshonneur, mais elle avait déjà tout avoué à ma mère, qui,
humiliée et outrée tout à la fois, m'a arraché une parole que je ne
pouvais plus reprendre sans qu'on eût le droit de m'appeler infâme.
Le ciel sait ce qu'il m'en a coûté pour accomplir cette terrible
promesse ! Que de fois je me suis demandé si un malheur ignoré,
une faute qui n'avait eu de témoins que les deux déplorables com-
plices , qu'aucune trace ne pouvait révéler (je le croyais , du
moins), devait être si chèrement expiée ; mais le ciel n'a pas eu
pitié de mon désespoir ; j'ai vu mon avenir s'écrouler, mes plus chè-
res espérances emportées tout à coup par un de ces terribles ha-
sards qui brisent sans merci les plus belles destinées ! Moi, si plein
de joie, do bonheur, d'espoir, j'ai dû tout aliéner d'un mot ! Mon ame
se révoltait en face de ce funeste engagement ; j'éprouvais une
sourde irritation contre cette femme qu'un sort fatal jetait au milieu
de ma vie ; j'étais si malheureux que je ne trouvais pas même de la
pitié pour celle qui pleurait la faute que je devais payer de tout
mon bonheur, lorsqu'une révélation inattendue vint m'apprendre
que mon malheur était sans remède, et m'imposa la dure loi d'ac-
complir le sacrifice. J'entrevis seulement alors toute l'horreur de
ma situation ; je pressentis quelle humiliante et odieuse interpré-