Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
[ Revenir aux résultats de la recherche ]
page suivante »
484                  UN CHAPITRE INÉDIT

la même proportion, de celui de toutes les autres denrées
d'un usage domestique, et le fléau menaçant d'une disette
prochaine allait frapper une population dont les ressources
achevaient d'être taries par une longue diminution, et, dans
ce moment, par une complète interruption des travaux ma-
nufacturiers. Les hôpitaux encombrés déclaraient ne pouvoir
continuer leur service, à moins d'énormes subventions. La
ville ne pouvant plus laisser le soin de son approvisionne-
ment au commerce privé, dont les opérations étaient partout
arrêtées, sollicita les secours du gouvernement. « La muni-
cipalité de Lyon, écrivit-on au ministre Roland, ne voit pas
sans sollicitude, et même sans effroi, l'état de détresse où
celte ville est prête à se trouver. La fabrique presque anéan-
tie, une multitude d'ouvriers sans travail, la cherté exhorbi-
tante des denrées de première nécessité, la difficulté des
approvisionnements, surtout des grains, font craindre que la
ville ne se trouve, l'hiver prochain, exposée à d'affreuses
calamités...; elle ne peut compter sur les approvisionne-
ments du commerce ordinaire des blés, tant que le calme ne
sera pas rétabli. Il faut que les administrateurs fassent promp-
tement l'achat d'une grande quantité de grains. Mais la ville
est sans moyens, si le ministre ne vient à son secours... » Les
obstacles apportés aux approvisionnements étaient si grands,
que les administrateurs de l'Hôpital et de la Charité, qui y
étaient commis par ces maisons de bienfaisance, ne voulurent
entreprendre des achats qu'en se faisant décharger, par des dé-
libérations expresses, de toute responsabilité pour les saisies
ou pillages dont les denrées achetées pourraient être atteintes.
   On voit à quels éléments de fermentation était en proie le
peuple de Lyon. Ils expliqueront les troubles graves, les
scènes orageuses et sanglantes, le débordement de passions
et les luttes acharnées qui ne tarderont pas à se manifester
dans cette ville malheureuse.