page suivante »
LE SILENCE. 443
Derrière ce vide sans borne,
Est la vie où tend notre essor ;
Par de là la porte de corne,
Sont les songes d'ivoire et d'or.
Si complet que soit le naufrage,
Toujours quelque chose en surnage
Sur l'océan de l'avenir;
Pour gage de cette espérance
J'ai l'arc-en-Ciel de délivrance,
J'ai l'amour qui ne peut finir.
Mais aux deux âmes qu'il marie
L'amour circonscrit sa lueur,
C'est la muette rêverie
Qu'éveille un hymne intérieur :
L'amour ! unique confidence
Qui, s'exprimant par le silence,
Aille au cœur, sans sortir du cœur !
Fleur du mystère ! note intime
De cette musique unanime
Dont l'avenir entend le chœur !
Ne sois pas triste, ami, lorsque ta voix n'éveille,
En tombant dans mon sein, qu'un silence profond;
Aux abords la froidure veille;
Mais une flamme dort au fond.
AUGUSTE GABBEIRON,
Lieutenant de vaisseau.